Les heures souterraines
4ème de couverture : Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au coeur d'une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Les heures souterraines est un roman vibrant et magnifique sur les violences invisibles d'un monde privé de douceur, où l'on risque de se perdre, sans aucun bruit.
Mon avis : C'est une histoire, ou plutôt deux histoires qui se lisent d'une traite. Avec Mathilde, je me suis noyée, la descente n'en finissait pas, les mots sont justes, percutants, comme un coup de poing dans la poitrine, l'angoisse au ventre, la culpabilité, les questions, la fatigue....La solitude...Ce qu'on appelle dans notre société moderne le harcèlement moral. L'histoire de Thibault me permettait de reprendre mon souffle, pourtant il souffre cet homme mais ça vient de lui, pas d'un intervenant extérieur, il aime mais mal et voudrait être aimé parfaitement, alors j'étais moins touchée par sa solitude qui est pourtant bien réelle...Puis je repartais dans la descente aux enfers de Mathilde. C'est un livre sublime, effroyable, divin. Ces heures souterraines, nous les connaissons tous un jour ou l'autre. L'écriture de Delphine de Vigan permet se s'approprier ou non ces histoires.
Quelques extraits :
" On ne peut pas obliger les autres à vous aimer. Voilà ce qu'il se répète à lui-même, pour asseoir son propre renoncement. En d'autres temps, peut être, il se serait battu. Mais plus maintenant. Il est trop fatigué."
"C'est la nuit, la nuit d'avant ce jour attendu malgré elle, il est quatre heures du matin. Mathilde sait qu'elle ne se rendormira pas, elle connaît le scénario par coeur, les positions qu'elle va adopter l'une après l'autre, la respiration qu'elle tentera d'apaiser, l'oreiller qu'elle calera sous sa nuque. Et puis elle finira par allumer la lumière, prendra un livre auquel elle ne parviendra pas à s'intéresser, elle regardera les dessins de ses enfants accrochés aux murs, pour ne pas penser, ne pas anticiper la journée,
ne pas se voir descendre du train,
ne pas se voir dire bonjour avec l'envie de hurler,
ne pas se voir rentrer dans l'ascenseur,
ne pas se voir avancer à pas feutrés sur la moquette grise,
ne pas se voir assise derrière ce bureau."