"Best love Rosie"

 de Nuala O' Faolain

4ème de couverture : Après avoir vécu et travaillé dans le monde entier, Rosie décide de rentrer à Dublin pour s'occuper de Min, la vieille tante qui l'a élevée. Rien n'a changé dans le quartier populaire où elle a grandi, et la cohabitation avec Min, dépressive et alcoolique, n'a rien d'exaltant. En feuilletant pour sa tante des ouvrages de développement personnel, l'idée vient à Rosie de s'occuper utilement en rédigeant un manuel pour les plus de cinquante ans. Sa seule relation dans l'édition vivant aux Etats-Unis, elle se frottera, non sans heurts, au marché américain....

Le roman s'emballe quand Rosie voit débarquer à New York la tante Min, qu'elle avait laissée, le temps d'un aller-retour, dans une maison de repos. La vieille dame est galvanisée par sa découverte de l'Amérique : elle se fait des amies, trouve un travail, et pour rien au monde ne voudrait renouer avec son ancienne vie. Encore moins pour reprendre possession de la maison de son enfance, que l'armée veut lui restituer. Rosie, elle, tombe amoureuse de ce lieu magique de la côte irlandaise, et va, dans une osmose avec la nature enchanteresse et les animaux qu'elle adopte, s'y laisser pousser des racines.

Extraits :

"Elle, ça ne l'ennuie pas de ne pas me comprendre. Au fond, très peu de gens sur cette terre cherche à comprendre les autres."

"Il faut du temps pour revenir quelque part."

"Beaucoup de gens acceptent la vie comme elle va. Je ne sais pas comment ils font."

"...Il y a de la cruauté dans la haine de soi si elle vous gâche l'existence."

"Mais son exaltation n'avait alors rien à voir avec le lieu où elle se trouvait. C'était même exactement l'inverse : boire la transportait dans un lieu qui n'était pas chez elle, où elle pouvait être une autre qu'elle même."

"Il n'y a rien d'amusant à se trouver encore jeune quand tout le monde vous trouve le contraire."

"Je suis une femme normale du monde développé, plutôt bien de sa personne et en parfaite santé. Je ne suis pas encore vieille, le milieu de la cinquantaine. Et, pourtant, chaque jour, je connais des moments d'angoissante et douloureuse perplexité..."

"Je n'avais rien imaginé de particulier,bien sûr, et pourtant comme d'habitude, j'étais catastrophée. Comme si un lac sombre m'habitait et qu'il suffisait d'un signal - un regard intéressé et approbateur posé sur moi, par exemple - pour en faire surgir un monstre torturé par le besoin."

"Parler en usant de circonvulations, c'est tourner autour du sujet, comme la tige du liseron autour de son support."

"Et moi je suis heureuse, même si je vais nulle part. Quoique qu'il arrive, ça me convient. Si je dois vivre ici, je vivrais ici et sinon ce sera ailleurs."

"Pour la première fois, je comprenais que les mots avaient une histoire et qu'ils pouvaient, tout en étant différents, avoir un ancêtre commun."

"Les gens d'ici, ils ne se rendent même pas compte que le temps leur échappe.Ils sont là à raconter qu'ils vont faire ci et ça et la minute d'après j'entends sonner la cloche de la chapelle et je vois passer le corbillard et c'est eux qui sont dedans. Et ils n'ont jamais vécu !"

"J'aurais pu éviter la solitude en restant là où j'étais née... Mais mes rêves à moi étaient plus romanesques."

"C'est ton opinion de toi même qui rend ta vie grande ou petite."

"C'est pareil pour tout le monde. Te fie jamais à personne.... Parce que je peux te le dire maintenant, y a pas une personne au monde qu'en vaut la peine."

"On suit tous notre petit bonhomme de chemin sans réfléchir à ce qu'on fait, et puis, un jour, on décide que les choses doivent changer."

"L'un des vantages de l'âge, c'est qu'on apprend à faire plus confiance à ses propres réactions."

"Dans ces circonstances extrêmes, je comprenais ce qui me poussait sans cesse au départ. Ce que je recherchais dans le voyage, c'était le mouvement lui-même."

"Les quelques semaines qui ont suivi ont été comme une vie dans une vie. Je suis devenue sereine...."

"Vieillir est sans doute aussi terrible pour un homme vaniteux que pour une femme ordinaire."

"C'était déjà assez dur d'être moi et de voir les sillons s'approfondir dans la peau relâchée de ma lèvre supérieure...."

"Car il m'était arrivé, ces derniers temps, de me dire - timidement, en retenant mon souffle - que j'étais parfaitement heureuse à présent. Peut être pour la première fois de ma vie. Chaque soir avant de m'endormir, je comptais les raisons que j'avais de me réjouir..."

"Et je ne pouvais croire que ce que je faisais ou ne faisait pas était sans conséquence, même si je savais que l'univers s'en fichait."

"Tu venais de réaliser une prouesse en rédigeant dis pensées qui exploraient, dans un format agréable et facile d'accès, ce moment du voyage de la vie où les questions de la jeunesse ne se posent plus vraiment, mais où les certitudes de la vieillesse sont encore à venir."

"Cette chose qui m'avaient laissée avec des amis partout et nulle part, que j'avais volontairement payée de ma solitude, c'était la liberté de poursuivre le merveilleux."

"Personne ne sait ce que je ressens, ai-je songé. Et je ne sais pas non plus ce que les autres ressentent. ça donne encore plus de prix aux efforts que nous faisons pour être ensemble."

"Je me suis efforcée de voir mon corps vieillissant comme quelque chose qui murissait au nom du naturel.... Ne pouvais-je envisager mon propre automne comme une saison riche de couleurs ?"

"...Et par la suite, j'ai applaudi chaque nouveau jour de vent et de pluie. Plus le temps était mauvais, plus j'avais de chances de traverser la journée sans même à avoir à prononcer le mot bonjour."

"De fait, la marée finit toujours par s'inverser et, au fond de moi, un changement commençait à se faire jour. Deux ou trois signes sont venus m'indiquer que j'avais cessé de courir derrière un horizon qui s'éloignait sans cesse. je touchais au rivage."

" J'ai eu un aperçu de ce que c'était que perdre goût à la vie, et ça ne m'a pas plu. C'est sans doute un des dangers de l'âge mur : en quittant le monde où on était désiré et désirant, on risque de devenir indifférent à toute une série de choses."

"J'ai pensé à mes amis et à ce que j'éprouve pour eux. j'ai envie de les soutenir. pour rien au monde je ne voudrais leur faire de mal. S'il y a quelque chose en eux qui me semble pouvoir être amélioré, je leur suggère  avec délicatesse et affection - du moins je l'espère. Mais globalement je les aime comme ils sont et s'ils veulent rester tels, celà me convient."

"Je me suis aperçue que je n'avais jamais été aussi indulgente anvers moi-même. Toute ma vie, je me suis enjoint de changer, de m'éméliorer. Jamais je ne me suis traitée avec amour."

"... Que je puisse revivre ma vie avec ce que je sais maintenant ! rendez-moi un commencement !"

"Le silence s'éternisait. Elle savait  sans doute que j'avais entendu ce qu'elle ne disait pas."

Mon avis :

C'est une histoire tendre, émouvante, sensible et drôle. Merci Nuala, Rosie est devenue ma meilleure amie et le restera longtemps ! On se ressemble tellement. Tout quitter pour aller s'occuper d'un être avec qui on ne s'entend pas forcément, se retrouver seule, rester là où on a trouvé un animal abandonné....Respecter et aider ses amis ou du moins essayer... Et cette introspection féroce et drôle qui amène la sérénité et l'acceptation du bonheur ! J'ai retenu, Rosie, si, si, il faut être tolérant, attraper les moments de bonheur et prendre la vie comme elle est, merci !