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la vie de ma voix intérieure
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  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
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26 novembre 2011

"Rien ne s'oppose à la nuit"

rien ne 'soppose à la nuit Delphine de Vigan

 

4ème de couverture :

 

Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre.

Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence. 

 

 

Extraits :

 

« Je ne sais plus quand est venue l’idée d’écrire sur ma mère, autour d’elle, ou à partir d’elle, je sais combien j’ai refusé cette idée, je l’ai tenue à distance, le plus longtemps possible, dressant la liste des innombrables auteurs qui avaient écrit sur la leur, des plus anciens au plus récents, histoire de me prouver combien le terrain était miné et le sujet galvaudé, j’ai chassé  les phrases qui me venaient au petit matin ou au détour d’un souvenir, autant de débuts de romans sous toutes les formes possibles dont je ne voulais pas entendre le premier mot, j’ai établi la liste des obstacles qui ne manqueraient pas de se présenter à moi et des risques non mesurables que j’encourais à entreprendre un tel chantier. »

 

« Ma mère constituait un champ trop vaste, trop sombre, trop désespéré : trop casse gueule en résumé. »

 « J’ai établi la liste des obstacles qui ne manqueraient pas de se présenter à moi et des risques non mesurables que j’encourais à entreprendre un tel chantier. »

 

« Lucile triait les cris, les rires, les pleurs, les allées et venues, le bruit et le mouvement perpétuel Dans lesquels elle vivait. »

 

« Peut-être en raison de cette confiance qu’elle avait dans la vie, cette manière de tout miser, sans rien retenir. »

 

« Lucile avait édifié les murs d’un territoire retiré qui n’appartenait qu’à elle, un territoire ou le bruit et le regard des autres n’existaient pas.

 

« Pourtant l’air de l’appartement restait chargé d’amertume comme saturé. »

 

« Tu le termineras sur une note positive, ton roman, parce que tu comprends, on vient tous de là. »

 

« Que cherchais-je au fond si ce n’était à approcher la douleur de notre mère, en explorer le contour, les replis secrets, l’ombre portée ? »

 

« Chacun a gardé des évènements qui ont fondé l’histoire familiale, sa propre vision. Ces visions diffèrent, parfois se contredisent, elles sont autant d’éclats épars dont le rassemblement ou la compilation n’apportent rien. »

 

« Elle rêvait de devenir invisible : tout voir, tout entendre, tout apprendre, sans que rien de palpable ne signale sa présence. »

 

«  La part visible du chagrin s’était dissoute dans l’eau usée des vaisselles et des lessives… »

 

« Elle ne pouvait plus. Dorénavant quelque chose était derrière elle, qui s’éloignait déjà, dont peu à peu elle perdrait le souvenir ou ne garderait que quelques fragments, quelque chose qu’un jour sans doute elle regretterait, qui appartenait  à l’enfance et s’éteignait avec elle. »

 

« … Elle aimait prolonger cet état de latence, d’engourdissement, ne rien prévoir, laisser aller les choses comme elles venaient, accueillir l’étirement du temps. »

 « Je perçois chaque jour combien il m’est difficile d’écrire ma mère, de la cerner par les mots… »

 

« Incapable de m’affranchir tout à fait du réel, je cherche l’angle qui me permettra de m’approcher encore, plus près, toujours plus près, je cherche un espace qui ne serait ni la vérité ni la fable, mais les deux à la fois. »

 

« Cette femme inconsolable, coupable à perpétuité, murée dans sa solitude. »

 

« Elle a peur et elle a confiance, la vie se chargera de trancher. »

 

« …Et contrairement à la loi mathématique qui veut que la multiplication de deux nombres négatifs produise un nombre positif, de cette rencontre ont surgi la violence et le désarroi. »

 

« Avec le temps, voilà donc  ce qui l’emporte, la mémoire a fait son tri. »

 

« La peur suffit-elle à se taire ? »

 

« elle est restée là, dans la solitude de ce qui ne pouvait être dit. Cela lui appartient ; cela aussi, sans doute, est constitutif de sa personne. »

 

« Travailler là ou ailleurs, devint pour elle une épreuve comme l’était le reste de sa vie, et à chaque fin de week-end, l’idée d’une nouvelle semaine l’étranglait d’angoisse et lui paraissait infranchissable. »

 

« Peu à peu, j’apprenais  à calmer ma vitesse, mon vertige, à accepter ma trop grande perméabilité, à apprivoiser cet appétit de vivre qui m’avait dévoré. »

 

« Aujourd’hui je suis capable d’admirer son courage. »

 

« …Et je préfère mourir vivante. »

 

 

 

Mon avis :

 

Les écrits de Delphine du Vigan m’émeuvent toujours, cette douleur de la vie au  travers des mots. Comme pour le Chagrin, histoire de Lionel Duroy, dont Delphine parle dans son livre, je ne voulais pas le lire… Mais attirée comme un aimant par les histoires sur les mères et l’enfance en général, quand la couverture du livre m’a fait de l’œil sur le présentoir de la petite bibliothèque de mon tout petit village, je me suis dit que c’étais le destin. Le destin est peut être dans le passé… L’angoisse au ventre j’ai  commencé à lire ce récit reconnaissant cette peur, cette terreur de l’enfance qui existe pourtant dans une grande famille bruyante et heureuse. L’auteur raconte la vie de sa mère, sa mort aussi avec des mots justes et  avec l’aide de sa famille contrairement à Lionel Duroy. Avec pudeur et amour Delphine décrit les années heureuses, le désastre, le chagrin. Le choc arrive beaucoup plus tard pour bien nous faire comprendre que rien n’est hasard même dans la bipolarité. Elle cherche, enquête, pour mieux chasser les fantômes, exorciser les tourments pour que  ce malheur ne se reproduise pas dans la famille et les futures générations. Elle écrit pour vivre.  J’ai lu sa souffrance et j’en ai perdu les mots. Magnifique portrait de Lucille une mère particulière mais combien attachante.

 

http://www.youtube.com/watch?v=NiOHAlkNZa8

 

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Commentaires
J
Un petit coucou par chez toi non pas sans te faire une grosse bise, bon dimanche !
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P
On l'a acheté à la bibliothèque, mais je ne sais pas si je le lirai celui-là... Les histoires de mères me rasent, en général, je n'arrive pas à accéder au pathos, à cette émotion-là, je la constate, mais elle m'indiffère... bon, faut que je réfléchisse. Merci pour ton avis en tout cas, il alimente ma réflexion.
Répondre
N
Ce livre a l'air magnifique, on en entend que du bien...j'avais beaucoup aimé Les heures souterraines de Delphine de Vigan.
Répondre
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