"les jours fragiles"
4ème de couverture :
Elle a grandi dans l'ombre de son frère aîné, surdoué scandaleux. Lorsqu'il a choisi de s'enfuir, elle a appris l'absence et le manque. Aujourd'hui, l'exilé volontaire est de retour de ses lointains voyages et il la réclame. Il ne lui propose que des jours fragiles, fébriles. Elle accepte sans réfléchir. Empêtrée dans ses frayeurs, guidée par un infatigable espoir, Isabelle Rimbaud est enfin prête, à trente ans, à cheminer aux côtés d'Arthur vers l'irréparable.
Extraits :
« Regardez-les, les gueux, les maudits, les oubliés du monde, les mal-bâtis, les rongés par l’alcool, les déformés par le labeur, les vieillis par l’interminable hiver ; regardez-les, les hypocrites, les méchants, les persifleurs, les avides, les femmes au regard torve, les hommes taciturnes et patients, regardez-les qui défilent au pied du lit, comme on vient au spectacle ou comme on se rend au cimetière. »
« Je ne discute pas. Elle sait ce qu’il y a à faire, ce qui est bien. Elle l’a toujours su. »
« Alors dans son visage usé, creusé de rides, comme dans son regard hagard, égaré, je scrute son malheur. »
« Libre. Le tragique de ce seul mot. »
« C’est bien toi, toi seul qui a construit ton malheur, quand le bonheur était possible. »
« Il veut que rien n’empêche les mots, que rien n’aille contre eux. »
« Avec ce rire me reviennent les heures joyeuses, étourdies, indolentes, les jours calmes, sages, avant le grand fatras, avant le temps du désordre et de la démesure. »
« Quand on fait l’expérience de la liberté, comment y renoncer ? »
« Comme si les enfants étaient comptables des espoirs qu’il déçoivent. Comme s’ils étaient punis de n’être pas ce qu’on attendait d’eux. »
« Au fond je n’ai désiré que la quiétude, la tranquillité, la stabilité. Je les ai eues parfois. »
« J’ignorais qu’il serait si difficile d’affronter une vérité que je connais depuis le tout premier jour. »
« Conserver la trace de ce qu’il fut, au moment de quitter ce monde. »
« Il y a des hommes qui mettent une vie à devenir ce qu’ils sont : je suis de ceux là. »
« Est-on la somme de ses peurs, de ses rancunes, de ses chagrins, de ses souffrances ? Ou celle de ses étreintes, de ses abandons, de ses désirs, de ses plaisirs ? Ou les deux ? »
« Au fond, les uns et les autres, nous n’aimons guère la vérité. »
« Il s’est penché sur des abîmes. Il a failli tomber à plusieurs reprises. Mais il n’est pas tombé, finalement. En équilibre sur le vide, il n’a pas connu la chute. Il est survenu des affaissements, des découragements, mais toujours la vie l’a emporté. Devant le soleil, il est demeuré vivant. »
Mon avis :
Pourquoi Arthur est-il revenu dans le lieu de son enfance alors qu’il l’a fuit toute sa vie ? Sa sœur Isabelle va écrire un journal intime recevant les confessions de débauche de son frère. Vieille fille du 19ème siècle, demeurant chez sa mère, froide et hostile, Isabelle va s’occuper de son frère mourant jusqu’au bout, et malgré les provocations d’Arthur elle restera voulant à tout prix qu’il parte en paix et absout de ses péchés. En se mettant dans la peau d’une femme de surcroit vieille fille, l’auteur a réalisé, à mes yeux, une véritable prouesse. Un agréable moment qui m’a permis de connaître un peu mieux la vie du poète.