Supplément à la vie de Barbara Loden

de Nathalie Léger

ISBN : 2818014808

Éditeur : P.O.L. (2012)

 Prix du livre inter 2012

4^ème de couverture :

Elle voudrait tout y mettre… Une âme lucide et apeurée se dissimulant dans une autre, le grand jeu héroïco-comique du désastre intérieur, l’incapacité à dire non, à se fâcher, à refuser, un paysage de charbon, quelques larmes, une grande actrice.

Extraits :

« Elle disait qu’il était facile d’être d’avant-garde mais qu’il est vraiment difficile de bien raconter une histoire simple. »

« Son regard est attentif, anxieux, souvent désemparé, puis soudains le sourire, éclatant.

 « J’ai traversé la vie comme une autiste, persuadée que je ne valais rien, incapable de savoir qui j’étais, allant de-ci, de-là, sans dignité. »

« Apaiser. Réparer les douleurs, traiter l’humiliation, traiter la peur. »

« Comme le crépuscule est beau, on peut se défaire de la méfiance, de la prudence, s’abandonner à l’instant qui ressemble pour une fois à l’idée qu’on se faisait de l vie. »

« …C’est une femme qui se demande ce qu’elle va bien pouvoir faire de ce que tout le monde appelle sa liberté, c’est une femme qui se demande quel est le mensonge qu’elle va devoir désormais inventer face aux hommes pour s’y dissimuler à son aise, pour qu’on lui foute enfin la paix. »

« J’avais envie de vivre même si je n’avais pas beaucoup de raisons de vivre. »

« Quand on est arrivé au bout de tout et que le chagrin lui-même ne répond plus, alors il faut revenir en arrière parmi les autres, n’importe lesquels. » Céline

Mon avis :

C’est une histoire simple de femmes compliquées ou bien une histoire compliquée de femmes simples. Comme vous voulez, je ne suis pas difficile je vous laisse le choix.  L’image qui me restera dans la mémoire est celle de Wanda, ses bigoudis et son foulard par-dessus. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans les années 70 et les personnages me font irrémédiablement penser à ma mère.

 Ce qui complique légèrement la trame de ce récit puisque au lieu de trois personnages, puis quatre, je dois rajouter ma mère ce qui fait cinq. Mais de quoi parle ce livre me demandez-vous ? Au lieu de divaguer raconte-nous ! Bon d’accord.

La narratrice doit écrire une notice sur Barbara Loden. Elle fait donc des recherches, se rend compte qu’elle a du mal à consulter les rares archives sur cette réalisatrice mais s’entête. Elle n’a plus le recul nécessaire pour décrire cette femme en quelques mots, fait la comparaison avec sa propre mère, puis s’intéresse  au seul film que Barbara Loden a réalisé et dans lequel elle a tenu le rôle principal : Wanda. Et c’est là que tout se complique. Wanda incarne le désenchantement, l’errance, l’abandon, la soumission, peut-être aussi la résignation mais quelque part la rébellion. Personnage fictif d’un film ou personnage existant ? A vous de le découvrir. L’écriture peut nous mener très loin, l’auteur nous le démontre d’une plume sûre et déterminée. Un récit passionnant, foisonnant qui nous donne envie de revoir le film de Barbara Loden, l’histoire d’un chaos intérieur qui rebondit sur nos vies de femmes modernes.

Comments

[Nadael]

Tu attises vraiment ma curiosité avec ce joli billet, je note!

[patounette]

déjà le 4ème de couverture annonce quelque chose qui frappe, le genre de phrase que tout le monde peut s'approprier, chacun avec son histoire, en tout cas ça ne laisse pas indifférent. Les citations sont bien choisies comme une développement après cette intrigante mise en bouche. Puis ta critique, je pense que l'auteur à réussis "son coup" car tout comme notre personnage tu penses à ta mère. Question de génération peut être.Tu garde ta touche d'écriture tout en nous faisant partager une espèce d'émotion, on sent que le livre à un enjeu particulier. Tes adjectifs sont bien choisis, tu fais passer ton message, c'est limpide et passionné !