Les trois lumières
Jacqueline Odin (Traducteur)
ISBN : 2848050950
Éditeur : Sabine Wespieser (2011)
4ème de couverture :
Par une radieuse journée d’été, un père emmène sa fillette dans une ferme du Wexford, au fond de l’Irlande rurale. Le séjour chez les Kinsella semble devoir durer. La mère est à nouveau enceinte, et elle a fort à faire. Son mari semble plutôt désinvolte : il oublie le bagage de la gamine dans le coffre de la voiture en partant.
Au fil des jours, la jeune narratrice apprivoise cet endroit singulier. Livrée à elle-même au milieu d’adultes qui ne la traitent pas comme une enfant, elle apprend à connaître, au gré des veillées, des parties de cartes et des travaux quotidiens, ce couple de fermiers taciturnes qui l’entourent de leur bienveillance. Pour elle qui était habituée à une nombreuse fratrie, la vie prend une autre dimension. Elle savoure la beauté de la nature environnante, et s’épanouit dans l’affection de cette nouvelle famille si paisible. En apparence du moins. Certains détails l’intriguent : la manière dont Mrs Kinsella lui propose d’aller puiser de l’eau, les habits de garçon dont elle se voit affublée, la réaction de Mr Kinsella quand il les découvre sur elle…
Claire Keegan excelle à éveiller l’attention de son lecteur sur ces petites dissonances où transparaissent l’ambiguïté et le désarroi de ses personnages, si maîtres d’eux-mêmes. Et, dans cet envoûtant récit, le regard d’une enfant basculant à son insu dans le monde mystérieux des adultes donne toute sa force dramatique à la part cachée de leurs existences.
Extraits :
« Là où il y a un secret, il y a de la honte, et nous n’avons pas besoin de honte. »
« Et ainsi les jours passent. Je continue d’attendre qu’un incident se produise, que ma sensation de bien- être s’envole… »
« Il y a dans l’air le goût d’une chose plus sombre, d’une chose qui pourrait arriver et s’abattre et changer la situation. »
« Pense que la parole n’est une nécessité en aucune circonstance. »
Mon avis :
Un texte très court mais percutant. Une petite fille d’une famille nombreuse et pas très riche, même très pauvre, est confiée par son père à un couple de fermiers. Aucune explication ne lui est donnée. Je me suis demandée à un moment de ma lecture et, avec horreur, si la petite fille n’avait pas été gagnée à une partie de cartes dont les fermiers et le père raffolent. Cette petite fille nous raconte son nouvel environnement, son quotidien, loin de sa nombreuse fratrie. Malgré son jeune âge, elle sait que le bonheur est éphémère, elle profite de sa nouvelle vie et elle attend. Je reste bouleversée par cette lecture, les mots de cette fillette trottent toujours dans ma tête.