Vivement l'avenir
4ème de couverture :
"Dans les maternités, d'après moi,
Il n'y a que des princesses et des princes charmants,
Dans les petits berceaux en plastique.
Pas un seul nouveau-né qui soit découragé,
Déçu, triste ou blasé.
Pas un seul qui arrive en se disant :
Plus tard, je bosserai en usine
Pour un salaire de misère.
J'aurai une vie de chiotte et ce sera super.
Tra-la-lère. "
Extraits :
« Suffit pas de grand-chose pour démonter les gens. Un simple petit jet d'acide, hop, en passant. »
« Parfois, j'ai l'impression que ma vie est un grand bâtiment, fait d'une succession de pièces en enfilades. Je visite. J'avance et je ne peux jamais revenir en arrière. Chaque fois que j'ouvre une porte, je tombe sur un nouveau décor. »
« Le seul sens que je trouve à ma vie, c'est un sens giratoire. J'avance sans arrêt mais je n'arrive pas à rien, sauf à me retrouver toujours au même point. Si un jour je trouve ma voie, ce sera sûrement une impasse. »
« Vous connaissez quelqu'un dont le rêve soit ça? Vivre sa vie les deux pieds dans la merde… »
« C'est un peu ça que je ne veux pas faire : ranger mes rêves au fond d'un tiroir-caisse, et rendre la monnaie sur tous mes faux espoirs. »
« C'est pas bosser qui me fait peur, c'est passer cinq jours par semaine à espérer le samedi. Et faire la gueule le dimanche, parce qu'ensuite il y a le lundi. Comme la plupart de ceux que je connais et que je n'envie pas, quel que soit leur salaire. »
« L'habitude amortit les chocs. Les beaux deviennent ordinaires. On finit par se demander pourquoi on les trouvait tellement magnifiques, craquants et à tomber par terre. Et les vilains gagnent à être revus. »
"Combien de gens s'abonnent au malheur, tout seuls, comme des grands, et ne résilient plus l'abonnement ?"
Mon avis :
Quand trois paumés se rencontrent dans une ville triste à faire peur, que se racontent-ils ?
Alex cumule les boulots précaires et change d’endroit à la fin des contrats. Cédric et Olivier copains d’enfance, sans boulot, vivent chez les parents et passent les journées au bord du canal. Ils tuent le temps. Alex a loué une chambre chez un couple. Elle fait connaissance avec Bernard, handicapé, que le couple laisse végéter. L’ambiance est glauque, triste, déprimante. Je ne sais pas comment elle fait, mais elle le fait, Marie-Sabine Roger a réussi à mettre de l’humour et de la poésie dans cette histoire qui, pourtant, commençait bien mal. Je me suis même demandé au bout de quelques pages si je devais demander du xanax à mon médecin pour finir le livre, c’est dire ! L’envolée se fait plus tard, quand mes trois paumés apprennent à se connaitre et à connaitre Bernard. C’est quand on est différent et à la marge de la société qu’on peut faire preuve d’autant de tolérance et de trouver des idées géniales permettant de sortir la tête de l’eau, de vivre ces petits moments de bonheur dans une situation désespérée et sans avenir. Encore une belle leçon de vie à prescrire et à consommer sans modération.