Stoner
Traductrice : Anna Gavalda
4ème de couverture :
Né pauvre dans une ferme du Missouri en 1891, le jeune William Stoner est envoyé à l’université par son père, et au prix de quels sacrifices, pour y étudier l’agronomie. Délaissant peu à peu ses cours de traitement des sols, ce garçon solitaire découvre les auteurs, la poésie et le monde de l’esprit. Il déçoit les siens, devient professeur, se voue corps et âme à la littérature, sert ses étudiants, assiste impuissant aux ravages causés par une terrible crise économique et deux guerres mondiales, se trompe d’histoire d’amour et finit par renoncer au bonheur. Tout cela l’entame, mais rien ne le diminue : il lit. Célébration d’une âme droite enchâssée dans un corps que la vie a très tôt voûté, voilà le récit d’une vie austère en apparence, ardente en secret.
Extraits :
« Presque heureuse. Du moins tranquille dans son malheur. »
« Etrangère partout, avide de tendresse et de paix, cette sensibilité était obligée de vivre dans un monde où elle ne se sentait jamais chez elle et de se nourrir d'indifférence, de fureur et de bruits. Et comme il lui manquait ici-bas, parmi nous, dans cet endroit le plus improbable et le plus hostile qui soit, la sauvagerie requise pour combattre les forces brutales qui la tourmentaient, elle n'avait d'autre choix que de se retirer dans une sorte de quiétude intérieure. »
« Sa présence était devenue une source d'embarras à la fois pour ses amis et ses ennemis, il devint donc de plus en plus solitaire. »
« Ainsi, malgré ces sempiternelles angoisses de dettes, de factures et d’échéances, les années qui suivirent furent plutôt heureuses. »
« Ainsi lui sembla-t-il possible de vivre, voire même d’être heureux, quelquefois. »
« Son esprit divaguait, il était incapable de se concentrer sur ce qui était imprimé et il lui arrivait de plus en plus souvent de se surprendre à fixer le vide. C’était comme si son esprit se déchargeait, oubliait tout ce qu’il avait appris et que sa volonté se trouvait réduite à néant. »
« Il avait l’impression d’être devenu une espèce de légume et espérait de tout son cœur que quelque chose, n’importe quoi, une douleur même, le saignât et le ramenât à la vie. »
Mon avis :
Normalement je ne suis pas attirée vers ce genre d’histoire. Mais dans ma vie actuelle le normal est parti en voyage et en lisant le résumé j’ai senti l’acceptation de cet homme dans sa destinée et dans ma peau de rebelle, je ne regrette pas mon choix. Je me suis posée et j’ai parcouru sa vie. Il a eu pourtant une certaine chance et des parents aimants qui veulent le meilleur pour leur fils. Oui, bon les études c’était aussi pour mieux gérer l’exploitation agricole qui finira par les tuer mais ils ne pouvaient pas savoir que leur fils serait passionné par la littérature. Il se débrouillera pour continuer ses études, tombera amoureux, malheureusement pas de la bonne personne qui lui donnera quand même une fille. Son épouse est une personne frustrée, voire méchante, qui passera tout son temps à lui pourrir l’existence. Il connaitra l’amour, le vrai, l’intense, une relation extra-conjugale et en même temps la jalousie de certains collègues. Il accepte son destin en courbant souvent le dos, se demandant pourtant si sa vie est digne d’être vécue. Cet homme avance, quoiqu’il arrive et pour cela il accepte chaque situation. Il ne s’est jamais rebellé, comprend même l’alcoolisme de sa fille malheureuse. Sa fin de vie sera à l’image de sa personnalité, toujours dans l’acceptation. Une belle leçon de presque bonheur de la vie ordinaire d’un homme extraordinaire.