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la vie de ma voix intérieure
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la vie de ma voix intérieure
  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
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13 juillet 2014

En finir avec Eddy Bellegueule

 

 

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Edouard Louis

ISBN : 2021117707

Éditeur : Editions du Seuil (2014)



4ème de couverture :

"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

 

Extraits :

“Mon corps tremblait, semblait ne plus m'appartenir, ne plus répondre à ma volonté. Comme un corps vieillissant qui s'affranchit de l'esprit, est abandonné par celui-ci, refuse de lui obéir. Le corps qui devient un fardeau.”

 

“De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux. Je ne veux pas dire que jamais, durant ces années, je n'ai éprouvé de sentiment de bonheur ou de joie. Simplement la souffrance est totalitaire : tout ce qui n'entre pas dans son système, elle le fait disparaître.”

 

“C’est une femme en colère, cependant elle ne sait plus quoi faire de cette haine qui ne la quitte jamais.”

 

“Elle ne comprenait pas que sa trajectoire, ce qu’elle appelait ses erreurs, entrait au contraire dans un ensemble de mécanismes parfaitement logiques presque réglés d’avance, implacables. Ce qu’elle appelait donc des erreurs n’étaient en réalité que le plus parfaite expression du déroulement normal des choses.”

 

“Sa vie l’ennuyait et elle parlait pour combler le vide de cette existence qui n’était qu’une succession de moments d’ennui et de travaux éprouvants.”



“Il m’a fallu des années pour comprendre que son discours n’était pas incohérent ou contradictoire mais que c’était moi, avec une sorte d’arrogance de transfuge qui essayait de lui imposer une autre cohérence, plus compatible avec mes valeurs - celles que j’avais précisément acquises en me construisant contre mes parents, contre ma famille _ qu’il n'existe d’incohérences  que pour celui qui est incapable de reconstruire les logiques qui produisent les discours et les pratiques.”

 

“Et puis l’inquiétude qui progressivement m’envahit, comme ces prises de conscience trop tardives qui plongent dans l’inertie.”

 

“Les silences, au bout d’un moment, on oublie. ça n’a plus d’importance, c’est la vie.”

 

“Il fallait fuir. Mais d’abord, on ne pense pas spontanément à la fuite parce qu’on ignore qu'il existe un ailleurs. On ne sait pas que la fuite est une possibilité. On essaye dans un premier temps d’être comme les autres, et j’ai essayé d’être comme tout le monde.”



Mon avis :

Difficile de parler d’une telle histoire en gardant une certaine impartialité. L’enfance d’Eddy aurait pu se dérouler dans une cité d’une grande ville. La différence est l’accès à la sortie de secours. En Picardie, on est éloigné de tout. Les transports coûtent chers et le seul moyen de fuir - encore faut-il en avoir la connaissance et l’envie - est la culture, l’école. Eddy ressent sa différence, il est efféminé,  dès son plus jeune âge. Il est le troisième enfant d’une fratrie de cinq. Le père travaille à l’usine puis reste au chômage à cause de son dos, la mère est d’abord femme au foyer puis femme de ménage. Incultes tous les deux, ils élèvent leurs enfants comme ils peuvent avec la pression du qu’en dira-t-on des commères du village. Les garçons doivent être des durs, on a même une certaine indulgence pour ceux qui deviennent des délinquants. L’alcool est très présent dans les familles, la violence également. Violence qui se répercute dans le milieu scolaire, Eddy en sera la victime. IL y a l’odeur aussi, élément important des maisons picardes, cette odeur, mélange de bois qui sert de chauffage, d’humidité ambiante - le moisi est présent sur tous les murs - et de cigarettes. Dommage pour Eddy qui fait de l’asthme.  Voilà j’ai planté le décor. Ce gamin va grandir dans ce milieu, avec sa différence. Il raconte beaucoup ses parents et surtout sa mère. Là où certaines critiques voient un règlement de compte, je constate  une sacrée remise en questions, à chacun sa vision de l’histoire et surtout de la vie. Le sexe va être présent rapidement dans sa vie, à l’époque de l’accès facile aux images pornographiques je ne suis pas étonnée. Eddy grandit et poussé à bout de tout, va apprendre qu’on peut fuir. Fuir la misère sociale, intellectuelle, financière et même régionale. Pourtant il aura essayé, avant, d’être comme les autres, d’être comme tout le monde selon la vision de ses parents.  Une histoire terrible sur l’homosexualité mais surtout sur une certaine misère.

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Commentaires
L
Je me retrouve en partie avec cette fuite .depuis quelques temps ma mère toute gentille qu'elle est faisait les louanges de mon frère futur médecin et un petit coup par çi , par là j'etais devenu le dernier à mes yeux un jour en fin de repas j'ai pris mes cliques et au revoir suis parti J'ai marché pantin pré st gervais paris j'errais çà et là chemin faisant je me suis fait des copains et me suis mis en colocation cela a duré 3ans imagines toi un peu sans revoir tes parents ils ont cherché et m'ont retrouvé par hasard par le biais de mon frère qui connaissait une copine de copine .
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