Jonathan Franzen ISBN : 2757835696 Éditeur :
Jonathan Franzen
ISBN : 2757835696
Éditeur : Points (2013)
4ème de couverture :
Et si les enfants ne naissaient que pour corriger les erreurs de leur parents ? Nos vies familiales ressembleraient alors à des copies surchargées de ratures et de remarques -”faux”, “mal dit”, “à revoir” -, ponctuées de points d’exclamation ou d’interrogation.
Dans le livre de Jonathan Franzen, la famille s’appelle Lambert, mais c’est de l’Amérique qu’il s’agit, de sa manière de vivre, de ses idéaux : un continent entier en train de sombrer doucement dans la folie.
Alfred, Enid, et leurs trois enfants - Gary, Chip et Denise - sont les cinq héros de ce roman-fleuve où défilent toutes nos contradictions : le besoin d’aimer et la guerre conjugale, le sens de la justice et l’obsession des stocks-options, le goût du bonheur et l’abus de médicaments, le patriarcat et la révolte des fils, la libération des femmes et la culpabilité de tous.
C’est cela, les corrections : une tragédie américaine dont la puissance balaye tout sur son passage. Mais aussi une comédie irrésistible, un humour qui s’autorise à rire de tout, une férocité sans limites. ET le sens aigu de notre appartenance à la communauté humaine.
Extraits :
Chaque soir après le dîner, il polissait son art de supporter une occupation barbante qui faisait plaisir à l'un de ses parents. Cela lui semblait être un art de survie.
Et comment pouvait-on se permettre de respirer, pour ne rien dire de rire, de dormir ou bien de manger, quand on était incapable d'imaginer à quel point la vie d'un autre était pénible.
Ce qu'on découvrait sur soi-même en élevant des enfants n'était pas toujours agréable ni attirant.
L'impossibilité est attirante. Tu sais, la sécurité des impasses.
Mon avis :
Une famille moyenne dans une ville moyenne décortiquée par la plume brillante de l'auteur, c’est du plaisir à l’état pur. Il y a l’odeur du vieux dans la maison familiale avec Alfred, le père, qui glisse doucement mais sûrement dans la démence sénile avec toutes les conséquences hygiéniques qui vont avec la maladie. Nous sommes avec lui dans son cerveau avec ses réactions, ses peurs, ses problèmes pour bouger correctement, plus de notions d’espace, de temps, mieux qu’un film d’horreur. Enid la mère, me fait beaucoup penser à la mienne, passe son temps à tout cacher, surtout le courrier, accumule objets inutiles et souvenirs. Inutile de lui demander, elle ne sait plus où les objets et le courrier sont rangés. Elle essaye de sauver les apparences, nie la maladie de son mari, ne pense qu’à faire des croisières, à fêter le prochain Noël dans sa maison avec tous ses enfants, n’écoute rien, n’en fait qu’à sa tête, adore faire culpabiliser ses enfants pour obtenir ce qu’elle veut, du grand art d’une mère loin d’être parfaite et très énervante. Les trois enfants ont quitté dès que possible ce foyer, chacun avec son fardeau, ses obsessions et surtout le désir de ne pas devenir comme les parents. Gary l'aîné, le plus clairvoyant, mais se battant avec ses propres démons, essayant de sauver sa propre famille du naufrage conjugal. Chip, brillant mais autodestructeur se mettant dans toutes les situations délicates comme si la normalité le rapprochait trop de sa famille. Denise, la petite dernière, peut être la plus stable, un appartement, un métier, mais des sentiments amoureux indécis. Si vous n’avez jamais lu du Jonathan Franzen, lancez-vous, c’est dérangeant, brillant et jouissif.