Les anges ne meurent jamais
Bérangère de Bodinat
ISBN : 208135442X
Éditeur : Flammarion (2015)
4ème de couverture :
Un soir d'été, Adrien, quatre ans et demi, pose à sa mère cette question troublante : "Maman, tu crois qu'un jour j'aurai cinq ans ?" Quelque temps après, alors qu'elle est partie en voyage, un drame survient dans la maison de famille... Adrien n'aura jamais cinq ans. Des années plus tard, à l'issue d'une véritable enquête, elle parviendra à vaincre le non-dit familial et à reconstituer les événements de cet après-midi tragique. Les témoignages divergents mais aussi une énigme cachée dans une boîte rouge prendront alors une résonance stupéfiante. Au fil de ce parcours initiatique, avec des mots simples mais magnifiques, Bérengère de Bodinat nous fait partager ses prémonitions, le gouffre de l'absence, l'incrédulité et l'impossible deuil. Mais, surtout, elle nous révèle les signes, les rêves, les sourires et les messages lumineux d'Adrien qui n'a cessé de lui parler depuis l'au-delà. Le lien d'amour extraordinaire qui unit une mère et son enfant malgré la mort et la séparation. Ce récit bouleversant, traversé par le surnaturel, est un message universel d'espoir et d'apaisement.
Extraits :
Retourner dans le passé a quelque chose d'étouffant. C'est se replonger dans des émotions liées à un monde qui a changé. Je ne suis plus celle que j'étais, j'ai évolué, je me suis allégée de tant de liens, tournée vers la lumière, la liberté de penser autrement, la tolérance. J'ai essayé autant que possible de devenir celle que je rêvais d'être.
En regardant ce que j'avais fui, en cherchant à comprendre mes peurs cachées, j'ai fini par réaliser l'injustice des tourments que je m'étais infligés, au-delà de la tristesse de la séparation et de l'absence. Les culpabilités, les remords, les regrets, toutes choses qui ne pouvaient rien changer, et qui n'ont servi qu'à aggraver ma douleur dans de vaines obsessions de refaire le passé.
Elle n'a pas eu lieu, la rencontre fulgurante qui ouvre les portes de la connaissance, la révélation, le voyage intérieur. Se promener dans le monde est une illusion des sens, une aventure anecdotique. Je continue donc à flotter, la vraie dimension des choses m'échappe, je vois tout mais ne saisis rien.
La vie est un ensemble de rencontres, d'aventures, de liens, de rêves et d'espoirs, d'amour et de désamour, de désirs et de désillusions. Qu'elle soit linéaire ou tumultueuse, tranquille ou tourbillonnante, la vie est un extraordinaire puzzle de milliers de sentiments, de sensations, de découvertes et de recherches, d'exploration ou de retrait.
Mes vraies amitiés sont irréductibles, nous pouvons ne pas nous voir pendant des temps infinis, rien n’y change, quand quelqu’un entre dans ma vie, quand nos destins s’interpénètrent à un moment donné, le lien ne disparaît pas. Il continue d’exister, librement, sans nécessité de se voir, ni même de se parler.
Partie au bout du monde, le destin ne m’a pas apporté ce que je cherchais, ni sens, ni illumination. Seulement l’évidence que l’on peut vivre simplement en mangeant du riz tous les jours, avec plaisir, à l’écart de tout, sans aucune sensation de manque.
Vivre avec le minimum, quand on n’est pas sollicité pour désirer autre chose, c’est une grande force. Savoir que c’est possible, une liberté.
Mon avis :
Je n’ai pas un avis neutre dans cette histoire. Ma mère a connu ce drame et je suis arrivée cinq ans après. Et je peux vous dire qu’un tel évènement dans la vie d’une femme est un fardeau intolérable pour le reste de la famille. Alors qu’elle a besoin d’en parler, de raconter la vie de son enfant pour que personne ne l’oublie, les proches ont tendance à ne pas vouloir en parler, à essayer d’enfouir cette tragédie au plus profond de leur mémoire. Alors je comprends cette quête sans fin de Bérangère, l’Auteure, pour trouver une raison de survivre. Je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas lu ce témoignage le sourire aux lèvres, mais je crois qu’il est indispensable pour les femmes et mères que nous sommes, car nous vivons bien souvent dans un état permanent de culpabilité. Pour comprendre aussi les autres, ceux avec qui nous vivons et qui deviennent si étranges, si distants. Et puis la vérité est propre à chaque personne et la douleur peut aussi la transformer ou la modifier. Seul un retour dans les souvenirs douloureux de chacun peut l’approcher. Et je vais finir par cet extrait : Je suis retournée dans le passé pour y mettre de la lumière.