Il était une ville
ISBN : 2081348217
Éditeur : FLAMMARION (2015)
4ème de couverture :
Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s'en vont, en les abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux. Nous sommes à Detroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui parte éteigne la lumière. On dirait que c'est arrivé. C'est dans cette ville menacée de faillite qu'Eugène, un jeune ingénieur français, débarque pour superviser un projet automobile. C'est dans un de ces quartiers désertés que grandit Charlie, Charlie qui vient, à l'instar de centaines d'enfants, de disparaître. Mais pour aller où, bon Dieu, se demande l'inspecteur Brown chargé de l'enquête. C'est là, aussi, qu'Eugène rencontrera Candice, la serveuse au sourire brillant et rouge. Et que Gloria, la grand-mère de Charlie, déploiera tout ce qui lui reste d'amour pour le retrouver.
Extraits :
“Est-ce que le paradis c’est toujours ce qu’on a perdu ? Il a fallu rêver d’une plus grosse voiture, d’une plus jolie maison, ou rêver de ne pas respirer le même air que tout le monde. C’était notre faute. Pas individuellement, mais ça nous est arrivé à nous. C’est comme ça. On n’a plus parlé la même langue, et c’est cela la guerre.”
“L’avenir, même quand il n’y en a plus, il faut bien qu’il arrive.”
“Les êtres qui vous émeuvent déplacent quelque chose en vous. Ils vous transforment, ils vous rendent meilleur.”
“C'était l'été, innatendu dans ce début d'automne pluvieux et froid, comme tout ce qui surgit quand on est en voyage et qu'on se force à être attentif aux choses, parce qu'on manque de repères.”
“Devenir dans ce paysage inconnu un visage familier.”
Mon avis :
Eugène ne se pose pas trop de questions quand il est muté à Détroit pour un nouveau projet de construction automobile. Il revient d’une mission en Chine, il n’a pas rempli ses objectifs mais ses supérieurs lui certifient que c’est une promotion, un nouvel endroit où il pourra faire ses preuves. Un collègue est chargé de s’occuper de la logistique et Eugène n’a plus qu’à poser ses valises. Oui mais voilà, la maison ne lui plaît pas, trop loin du centre ville, une banlieue dortoir, toutes les maisons sont identiques, sans âme. Le centre ville où se trouvent le quartier d’affaires n’est pas plus réjouissant : des tours abandonnées, des terrains vagues. Nous sommes à Détroit en 2008 et les habitants se retrouvent sans travail, perdent leur maison et s’en vont. Le seul problème d’Eugène est l’éloignement du centre ville et il déménage de façon à pouvoir se rendre dans le seul lieu ouvert : le bar de la ville et observer et admirer Candice la serveuse. Ses journées de travail dans un bureau surréaliste dans une ville surréaliste ne le dérange pas plus que ça. Il a l’impression d’être arrivé chez lui, de reconnaître ces gens qu’il ne connaît pas vraiment. De l’autre côté de la ville dans un quartier aussi abandonné, sévit la bande de Charlie, jeune adolescent vivant avec sa grand-mère, son seul lien familial. Les gamins sont livrés à eux-mêmes, tous ne sont pas aussi bien lotis que Charlie, les parents démissionnent embourbés dans leur misère, leur précarité. Les enfants disparaissent souvent dans cette ville, mais où sont-ils ? La description de cette ville abandonnée en plein hiver avec le vent et la neige relève presque du fantastique, et pourtant… J’ai éteint la lumière et fermé la porte mais j’aimerais bien une suite à cette histoire.