Les haines pures
ISBN : 2226246878
Éditeur : ALBIN MICHEL (2013)
4ème de couverture :
1945, Bayon, en Provence. Gabrielle revient dans la ferme familiale qu’elle a fuie six ans auparavant. Elle y retrouve sa mère, toujours aussi hostile, et sa soeur cadette Louise, une adolescente instable et fragile. Un an plus tôt, la famille voisine a été décimée dans des circonstances jamais élucidées. Gabrielle est bouleversée par la nouvelle. Bientôt, un locataire un peu trop curieux prend possession du mas délaissé. La jeune femme et lui s’interrogent sur les étranges entrelacs qui relient la plupart des villageois à ce massacre, dont on n’ose plus parler.
Extraits :
“L'indifférence blesse plus que la méchanceté. C'est une torture subtile et lisse, sur laquelle personne ne peut avoir de prise, sur laquelle tout passe et tout glisse, les larmes, les cris, les coups de griffe.”
“Je souffre d'une inaptitude à décrire les instants d'allégresse, même les plus simples, comme l'aveugle est incapable de décrire ce que ses yeux morts n'ont jamais vu. Mais je sais qu'il brille parfois, dans la grande nuit des vies désespérantes, des étincelles, des petits éclats, fugaces, filants, de joie pure.”
“C'est étrange une voix humaine. Plus étrange encore la façon dont elle peut déformer la réalité d'un individu.” |
“J'ai reçu en plein coeur l'éclat familier, tranchant, métallique, de son mépris.”
“Je suis le personnage d'un conte absurde. J'ai semé derrière moi un chemin de cailloux pour pouvoir retrouver le seul endroit où je n'aurais jamais dû revenir.”
“Nous sommes nées d’un père absent et d’une mère acariâtre. D’un coup de vent sur un roncier malade. Il en est tombé deux fragiles épines.”
Mon avis :
Gabrielle a survécu à son enfance et à la guerre. C’est une jeune femme forte, alors dites-moi pourquoi elle revient au seul endroit où elle n’aurait jamais dû revenir, lieu de toutes les haines, de toutes les perfidies, de l’indifférence aussi ? Elle revient dans la ferme familiale et on peut dire que l’accueil de sa mère est glacial, voire hostile. Son frère est devenu un légume, sa jeune soeur, une adolescente légère. Elle apprend avec horreur que la famille voisine avec qui elle vivait des jours heureux dès qu’elle pouvait échapper à la surveillance de sa mère a été tuée un an auparavant. Elle décide de rester et d’enquêter en bravant l’hostilité des villageois et de sa mère. Un homme vit depuis peu dans le mas de la famille et s’intéresse aussi beaucoup à ces meurtres. Les voilà entraîner dans une décadence certaine. La chaleur extrême, le boucan des cigales, exacerbent la méchanceté de tous. Car nous sommes dans un concentré de mauvaises actions, de mauvais sentiments. Les phrases se succèdent laissant peu de place pour reprendre son souffle. Aucun endroit, aucun moment ne laissent Gabrielle se ressourcer. Elle est entraînée malgré elle, dans ce qu’elle croit être la vérité et ce qui n’est que vengeance. Une histoire grandiose dont on ressort choqué mais on ne peut s’empêcher de tourner les pages de ce livre. La guerre n’excuse pas tout, le soleil et les cigales non plus.