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  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
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10 août 2016

Les vieux ne pleurent jamais

 

1540-1

 

Céline Curiol

ISBN : 2330057903

Éditeur : ACTES SUD (2016)




4ème de couverture :

 

À soixante-dix ans, Judith Hogen vit désormais seule. Actrice à la retraite, elle a cessé de fréquenter les scènes artistiques new-yorkaises et se contente de la compagnie de sa voisine Janet Shebabi, une femme de son âge fantasque et malicieuse.

 

Trouvant un soir entre les pages d’un roman de Louis Ferdinand Céline une vieille photographie, Judith est transportée cinquante ans en arrière et soudain submergée de tendresse et de ressentiments. Face à ce visage longtemps aimé, elle se surprend à douter des choix du passé.

 

C’est ce moment que choisit Janet pour lui proposer de partir, de s’embarquer dans un voyage organisé aussi déroutant que burlesque au cours duquel  s’établit entre elles un compagnonnage heureux hors des convenances de l’âge.

 

De retour à Brooklyn, Judith doit bien admettre que la raisonnable passivité que lui impose la société devient insupportable. Elle décide de repartir en voyage, dans son pays natal, cette france quittée dans les années soixante, là où demeure cet homme, celui de la photo, ce héros.



Extraits :

 

“La rancoeur pesait si lourd chez les humains et écrasait sous son poids les souvenirs de conduites généreuses.”

“Tout était difficile à n'importe quel âge, quand on manquait de motivation.”

 

“Mettre une claque à ma douleur, la renverser par surprise.”

 

“Pendant tant d'années, j'avais voulu me préserver de cette manière de penser, s'occuper, comme si nous ne vivions qu'un long sursis dans l'illusion d'une existence véritable.”

 

“Je n'ai rien contre les mots. Pourtant lorsqu'ils cascadent de façon aussi imprévisible, j'ai l'impression d'être étourdie.”

 

“La jeunesse n'est jamais l'âge du doute mais de l'excès de certitudes.”

 

“C'est la vie et le temps s'amasse, fige, rend toute volte-face impensable et impossible.”

 

“Rien ne meurt avant d'avoir perdu toute possibilité d'être.”

 

“En manquant de suturer la blessure, j’en avais ravivé l’effet. Et ce qui m’avait donné de l’énergie de revenir se retournait à présent contre moi.”



Mon avis :

 

Judith, soixante-dix ans, s’est un peu laissée aller à une certaine routine depuis la maladie et la mort de son époux. Seule Janet sa voisine excentrique et joyeuse réussit à la sortir de sa torpeur. Allongée sur le canapé, un soir, Judith va faire une surprenante découverte : dans un roman de Louis Ferdinand Céline, voyage au bout de la nuit, elle trouve une photo remontant à une cinquantaine d’années. Est-ce son mari qui l’a cachée là, certain que Judith la trouverait ? Toujours est-il que cette photo ravive des souvenirs, certains agréables, d’autres moins.

Janet a trouvé la solution pour faire bouger Judith : un voyage organisé pendant deux jours. Si l’idée de voyager est excellente, les deux amies vont se rendre compte que les activités, repas, achats et pauses-pipi imposés à tout un groupe sont pesants. Le groupe est tenu d’une main ferme par une jeunette un peu trop autoritaire au goût de nos deux rebelles. Elles prennent conscience d’un coup qu’elles sont passées du côté obscur de la vieillesse et que la société n’a pas beaucoup de considérations pour les personnes dites âgées. Car elles ne sont pas prêtes nos deux compères à être considérées de la sorte, pour Janet c’est une évidence, pour Judith, cela va en devenir une au fil de l’histoire. La photo de la couverture du livre a toute son importance. Écouter à fond de la musique sous son casque, porter une robe légère, savourer le soleil sur son corps à travers le fin tissu, il n’y a pas d’âge pour le faire. On est vieux qu’à travers le regard des autres.

Ce mauvais moment va décider Judith à prendre une décision radicale : retourner en France pays où elle est née pour retrouver l’homme de la photo. Elle confie ses clés à Janet qui n’en revient pas et part régler ses comptes avec le passé.

Après un long voyage qu’elle a très bien supporté, le regard un peu triste sur les villes devenues un peu glauques, elle retrouve sa cousine qui ne lui fera aucun reproche. La mère de Judith est décédée depuis longtemps et la famille française n’a pas prévenu Judith. Aucun moyen de se réconcilier avec sa mère qui l’a jetée dehors pour un premier amour avec la mauvaise personne. Elle continue son périple et se rend chez son frère. Mais ce dernier est porté disparu depuis les dernières vacances en Corse avec son épouse, son cadavre sera retrouvé un peu plus tard. Elle fait connaissance avec sa nièce qui n’a jamais entendu parler d’elle. Judith était bien reniée par toute sa famille.

Elle prend conscience que le temps ne répare rien, qu’il n’y aura pas de pardon puisqu’il n’y a pas de survivant. Son crime était d’aimer Hilal et à cette époque-là, même si on habitait la même cité hlm, on ne se mélangeait pas.

Après l’enterrement de son frère, dans le quartier de son enfance où elle n’a vu aucun visage familier, au fond de l’église, puisque étrangère à cette famille, elle rentre.

C’est avec bonheur qu’elle va retrouver Janet qui l’attend à l’aéroport, puis sa maison si familière avec ce qu’elle aime. Il faudra encore un petit coup de pouce de Janet et une folie pour lui faire comprendre qu’elle n’est pas à la fin de sa vie mais dans la continuité de sa vie.

 

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