Dans les forêts de Sibérie
ISBN : 9782070129256
Éditeur : GALLIMARD (01/09/2011)
4ème de couverture :
Sylvain Tesson, pour rassasier son besoin de liberté, a vécu seul dans une cabane en pleine taïga sibérienne, sur les bords du lac Baïkal, pendant six mois. De février à juillet 2010, il a choisi de faire l’expérience du silence, de la solitude, et du froid. Sa cabane est à six jours de marche du premier village. En cas de dégoût de soi, nulle épaule où s’appuyer.
La solitude finira par se révéler fertile : quand on n’a personne à qui exposer ses pensées, la feuille de papier est un confident précieux ; le carnet de note, un compagnon poli. C’est ce journal que nous offre à lire Sylvain Tesson.
Extraits :
"Cette envie de faire demi-tour lorsqu'on est au bord de saisir ce que l'on désire."
"Il est bon de n'avoir pas à alimenter une conversation. D'où vient la difficulté de la vie en société ? De cet impératif de trouver quelque chose à dire."
"Pour parvenir au sentiment de liberté intérieure, il faut de l'espace à profusion et de la solitude. Il faut ajouter la maîtrise du temps, le silence total, l'âpreté de la vie et le côtoiement de la splendeur géographique."
"Entre l'envie et le regret, il y a un point qui s'appelle le présent."
"Rien ne vaut la solitude. Pour être parfaitement heureux, il me manque quelqu'un à qui l'expliquer."
"Vivre, c'est continuer, et il y a une défaite dans le retour sur ses pas."
"Cette force triste qu’est le vent : elle s’acharne en vain."
Mon avis :
Sylvain Tesson avait déjà vu cette cabane au bord du lac Baïkal en pleine pampa sibérienne, pardon taïga sibérienne. Il s’était promis d’y revenir avant ses quarante ans. C’est fait, il a trente-huit ans et il va passer six mois dans un isolement complet, dans un paysage sauvage et sublime où il fait -40°degrés en plein hiver et les seuls voisins sont des animaux pas vraiment domestiques. IL voulait du silence, ne plus répondre à son courrier, vivre nu , ne plus répondre à son téléphone et vivre comme Robinson. Elle est superbe la théorie du futur ermite, mais l’histoire est un peu différente.
Il arrive dans sa petite cabane de 9m2 avec ses provisions, des vivres, de la vodka et des dolipranes pour lutter contre les effets de la vodka, une petite centaine de livres et tout le nécessaire à sa survie. Il s’installe et commence la corvée qui revient le plus souvent : couper du bois en quantité suffisante pour se chauffer et s’alimenter. Il ne pense pas à chasser et pêcher puisqu’il a des provisions.
La Sibérie n’est pas si inhabitée que ça et les visites sont quand même assez nombreuses et quand la solitude est trop pesante Sylvain n’hésite pas à faire plusieurs jours de marche pour rendre une visite de courtoisie à ses plus proches voisins. Bref, il n’est pas si seul. Entre deux livres et une bouteille de vodka, il nous livre ses pensées sur cette vie hors norme.
J’avoue : j’ai beaucoup ri au fil de cette aventure. Imaginer Sylvain patiner sur le lac en guise de loisir était source de gaieté pour moi, mais il faut être honnête, j’ai ri car j’ai eu la même envie que Sylvain à un moment de ma vie et j’ai vécu dix-sept mois au fin fond de la pampa lozérienne avec des températures à -30° l’hiver, le vent glacial, le bois à couper, les alentours de la maison à déneiger. Je suis même certaine que j’avais moins de visites de courtoisie que Sylvain.
Vu que Sylvain Tesson a une vision de la vie aussi compliquée que la mienne je vais continuer à explorer son univers, sans la vodka.
J’ai adoré ce récit.