Sauve-toi, la vie t'appelle.
ISBN : 2738131182
Éditeur : ODILE JACOB (03/04/2014)
4ème de couverture :
"Lors de ma première naissance, je n'étais pas là. Mon corps est venu au monde le 26 juillet 1937 à Bordeaux. On me l'a dit. Je suis bien obligé d'y croire puisque je n'en ai aucun souvenir.
Ma seconde naissance, elle, est en pleine mémoire. Une nuit, j'ai été arrêté par des hommes armés qui entouraient mon lit.
Ils venaient me chercher pour me mettre à mort. Mon histoire est née cette nuit là."
C'est cette histoire bouleversante que Boris Cyrulnik nous raconte pour la première fois en détail dans ce livre où l'émotion du survivant se conjugue au talent de l'écrivain, où le récit tragique se mêle à la construction de la mémoire, où l'évocation intime d'une enfance fracassée par la guerre exalte la volonté de surmonter le malheur et de répondre à l'appel de la vie.
Une histoire poignante, hors du commun, qui retentit profondément en chacun d'entre nous.
Extraits :
"On se sent tellement mieux quand on se tait."
"Aucune histoire n'est innocente. Raconter, c'est se mettre en danger. Se taire, c'est s'isoler." |
"J'avais arrangé mes souvenirs pour les supporter sans angoisse."
"La première conséquence d’une désorganisation du milieu autour d’un enfant, c’est qu’il devient incapable d’ordonner sa propre représentation du temps."
Mon avis :
L’auteur se sert de son enfance et du traumatisme vécu pour expliquer le mécanisme du cerveau de l’enfant.
Il explique le départ de son père, l’abandon de sa mère un jour avant l’arrestation de celle-ci, les différents refuges, les fuites, puis la reconstruction ou du moins celle que les adultes essaient de lui apporter après la guerre.
Mais ces souvenirs que l’auteur nous raconte sont-ils le reflet de la réalité ? Un enfant a besoin d’arranger certains souvenirs, pour les supporter sans angoisse, c’est sa réalité, pas celle d’un autre. Chaque événement inscrit dans la mémoire constitue un élément de la chimère de soi.
Cet enfant qui a connu l’horreur, a plus été traumatisé sur l’après par l'indifférence des adultes chargés de s'occuper de lui.
Il apprendra à se taire pour se sentir mieux et à parler pour se taire. Tout vaut mieux que raconter car c’est se mettre en danger.
Ce récit est bouleversant et pourtant si tendre. C’est un condensé d’espoir pour tous les enfants, victimes de la guerre, de l'indifférence, des adultes. Un enfant a besoin d’être entouré, écouté, aimé, par ses parents si possible, par des adultes bienveillants sinon.