Une joie féroce
EAN : 978B07SQRR8JD
298 pages
Éditeur : GRASSET (14/08/2019)
4ème de couverture :
Sur mon carnet bleu, j'ai écrit : "C'est l'histoire de trois femmes. Elles se sont aventurées au plus loin. Jusqu'au plus obscur, au plus dangereux, au plus dément. Ensemble, elles ont détruit le pavillon des cancéreuses pour élever une joyeuse citadelle."
Extraits :
“Pour elle, le mal disait souvent des choses sans importance.”
“Je suis entrée en brouillard comme on part au combat, en me rêvant avril.”
“Et puis non. Pas cette fois. J'étais en position de combat. Je refusais qu'on me parle mal, qu'on me regarde mal, qu'on m'emmerde.”
“Rien n'avait changé mais tout était différent.”
“Je n'étais pas courageuse. Je marchais droit devant. Et comme je le pouvais.”
“Je me sentais à la fois fragile et incassable, invincible et mortelle.”
“On aurait dû trinquer. À l’amour qui nous porte, à la guerre qui s’annonce, à nous. Trinquer à l’orage. Aux grands froids. Et au printemps prochain, à l’été, à toutes ces années qui trépignent d’être vécues.”
Mon avis :
Jeanne apprend qu’elle a un cancer du sein. Seule, elle est seule à l’annonce et en état de sidération. Son mari, distant, égocentrique, fuit en prenant son travail comme prétexte. Jeanne doit passer les examens intrusifs et s’habituer à être nue et traiter comme un numéro ou un bout de viande. Jeanne est une gentille, elle donne et ne demande rien en échange, elle est invisible, le genre de femme que personne ne remarque, même pas son mari, Matt.
Jeanne a perdu un fils, il y a longtemps. Il lui restait ce mari, peut-être par habitude.
Elle ne se révolte pas quand Matt lui demande de prendre deux douches par jour à cause de l’odeur et de porter un bonnet lorsqu’elle perd ses cheveux. Il quittera même la chambre pour dormir sur le canapé. Lors d’une séance de chimio, elle rencontre Brigitte, puis Assia son amie et Melody, elle vivent ensemble et lui proposent rapidement une chambre dans leur appartement. Jeanne prépare quelques affaires et quitte l’appartement. Son mari la remerciera de l’épargner mais lui demandera de récupérer ses affaires de façon à ce qu’il puisse passer à autre chose.
Jeanne a toujours subi sa vie, elle va apprendre la colère. Elle ne se laisse plus faire. Elle est entrée en guerre et le combat qu’elle mène ne laisse plus de place pour autre chose. Vivre avec ses amies est facile, car deux sont dans la même galère et subissent les mêmes effets secondaires. Elle va apprendre l’amitié, les disputes, la maladie, l’entraide.
Mais pour vaincre, elles vont aller plus loin, brisant les règles, les lois. Se dépasser, crier sa révolte, trouver encore de l’énergie, s’emparer de cette force nouvelle.
L’auteur se met à la place d’une femme à l’annonce d’un cancer et dénonce le comportement de certains hommes. Une plume colérique mais sensible, combative mais fragile. Du grand art, merci.