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  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
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4 mars 2022

Rien ne t'appartient

 

Rien ne t'appartient par Appanah

Nathacha Appanah

EAN : 9782072952227

160 pages

GALLIMARD (19/08/2021) AUTRES ÉDITIONS




4ème de couverture :

« Elle ne se contente plus d’habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que bientôt, je n’aurais plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C’est elle qui envoie le garçon, c’est elle qui me fait oublier les mots, les événements, c’est elle qui me fait danser nue. »

Il n’y a pas que le chagrin et la solitude qui viennent tourmenter Tara depuis la mort de son mari. En elle, quelque chose se lève et gronde comme une vague. C’est la résurgence d’une histoire qu’elle croyait étouffée, c’est la réapparition de celle qu’elle avait été, avant. Une fille avec un autre prénom, qui aimait rire et danser, qui croyait en l’éternelle enfance jusqu’à ce qu’elle soit rattrapée par les démons de son pays.

A travers le destin d’une « fille gâchée », Nathacha Appanah nous offre une immersion sensuelle et implacable dans un monde où il faut aller au bout de soi-même pour préserver son intégrité.

 

Extraits :

"Je ne sais pas quand, je ne sais pas où, pourtant je reconnais cette brise humide sur ma peau, cette odeur métallique, ce sentiment d’avoir glissé hors du temps et pourtant cent fois l’issue m’a échappé."

 

"Il faut savoir se gruger soi-même."

 

"Sur la place que j’aperçois, les arbres sont rabougris. En vérité, tout est comme ça après trois semaines de pluie incessante, battante, bruyante parfois. Même les gens ont pris un aspect chétif, craintif, le dos courbé dans l’expectative d’une saucée. Seule l’eau est vive, elle bouillonne dans les caniveaux, elle enfle, elle inonde, elle dévale, elle remonte d’on ne sait où, des nappes phréatiques, du centre même de la terre, devenue source jaillissante plutôt que noyau en fusion."

 

"J’ai toujours eu l’impression qu’en fermant les yeux la nuit je menais une autre vie, je devenais une autre et que jamais mon corps et mon esprit ne se reposaient."

 

"J’oublie parfois combien tu t’attaches à ces riens, une couleur, quelques mots, une intonation, une babiole, et pourtant tu as l’impression que c’est dans ces détails-là que sont nichés les esprits de ceux que tu as aimés."

 

"Depuis le temps, ça aurait dû entrer dans ma petite tête qu’il ne faut s’attacher à rien ni à personne."

 

"Personne ne me demande jamais rien mais un jour, je raconte une vie fabriquée qui n’est pas un tissu de mensonges mais celle dont j’ai besoin pour survivre, celle qui ne m’entraînera pas à chaque moment vers le fond."

 

Mon avis :

Tara est en état de sidération. Son mari Emmanuel est mort et depuis elle n’arrive plus à faire face. La pluie tombe sans discontinuer et elle passe ses journées dans une sorte de léthargie avec des visions qui l’empêchent de faire face au quotidien. Son appartement devient un cloaque, sent mauvais et Tara oublie les notions d’hygiène y compris pour elle-même. Elle ne vit qu’avec ce garçon qui apparaît, ombre d’un autre temps, qu’elle ne reconnaît pas. Elle sent la fureur dans son corps mais les souvenirs ne viennent pas. Eli, le fils d’Emmanuel, va essayer de l’aider, en vain. Fin de la première partie.

Vijaya est une petite fille docile, vivant confortablement avec ses parents. Heureuse, éduquée par son père qui ne veut pas qu’elle aille à l’école du village, elle grandit dans une famille atypique et dangereuse sans le savoir. Sa mère possède des pouvoirs de sorcière et Vijaya est éloignée quand cela arrive. Son père est un opposant politique. Elle est également maternée par deux domestiques, Aya et Roy. La vie est douce jusqu’au drame. Ensuite rien ne sera pareil. De la douceur de la vie aux drames successifs, Vijaya va tenter de survivre sans trop se poser de questions.

Pourquoi n'apprend-on pas aux filles qu’on peut devenir une fille gâchée par trop de sensualité ?

Cette lecture est déroutante, sensuelle, bouleversante. La première partie est écrite dans une violence retenue qui explose dans la deuxième partie, l’autrice maîtrise très bien l’art de cette violence avec les mots choisis, les ambiances troublantes. Un être humain est capable d’enfouir n’importe quel choc émotionnel violent, pendant des années, des décennies. Puis le traumatisme revient, vomi, dans des spasmes insurmontables et il faut lui survivre… ou pas.

Du grand art.

 

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