Fin de saison
EAN : 9782072897016
GALLIMARD (08/10/2020) AUTRES EDITIONS
4ème de couverture :
Qu'est-ce qu'un catakit ? Quelle est la différence entre un bon vivant et un bon survivant ? Peut-on s'hydrater avec de l'eau de vie ? Quelles est la valeur nutritionnelle d'un rêve ? Peut-on se sauver en se sauvant ? Les lapins sentent-ils venir la mort ? Autant de questions que Victor, père de famille et gentil looser, ne s'est jamais posées... jusqu'au jour où il se retrouve enfermé dans sa cave avec un chien et un lapin pendant que le monde s'écroule. Survivaliste pathétique, cet anti-héros ironique et incisif dit, sur un mode burlesque, quelque chose de nos aspirations et de nos échecs.
Extraits :
“Disons qu’il y a des jours avec et des jours sans. Ou des années avec et des années sans. Ou des vies entières avec et des vies entières sans. Alors parfois je veux bien tendre la joue, mais d'autres fois j’envoie le front. Direct. Ça fait une sorte d’équilibre, ou mieux une impression de mouvement.”
“Toutes ces conneries qu’on veut fuir quand on n’a rien à faire et puis qu’on chiale de pas pouvoir retrouver une fois qu’on les a perdues.”
“Ça ne changerait rien. La mort aurait le même goût. Un goût de peur. Un goût de trop tard. Un goût de bien fait pour ta tronche.”
“On était beaux tous les deux avec ma femme. Dedans comme dehors. Frais. Joyeux. Qu'est ce qui nous est arrivé ? Ce mélange de tout et de rien justement.”
“Y a le temps qui s’arrête juste au moment où t’as le doigt coincé dans la porte. Cet instant dans le vide, qui dure une éternité. L’agonie, droit dans les yeux.”
“La naissance est une séparation. L’existence une déchirure. L’amour des points de suture. On est tout seul. Pour toujours. Malgré nos efforts sincères ou nos pitoyables stratagèmes. Pas tout le temps bien sûr. Mais presque.”
“Commencer l’horreur par la terreur. La douleur qui vient de l’intérieur et qui le noie. Je suppose que ça en réveille certains. Qu’ils se révèlent là-dedans. Alors que d’autres se font achever de l’intérieur, direct, avant même que tout commence.”
“Ouvrir les yeux. C’est tellement compliqué parfois.”
Mon avis :
Victor est marié, père de deux enfants. Il ne travaille plus, n’en a pas envie, ne s’occupe pas non plus de l’intendance de la maison ou des enfants. Sa femme est là pour ça. Il passe ses journées à regarder des séries, des pornos aussi, il me semble, bref, Victor ne ressemble pas au prince charmant, c’est plutôt un loser, fainéant de surcroît.
Comme c’est une époque où les médias parlent de fin du monde, d’urgence climatique, Victor a suivi les conseils d’une émission qu’il regardait et s’est préparé un catakit : un kit de survie.
Ce matin-là, le temps s’assombrit dangereusement d’une façon inquiétante. Dans un chaos assourdissant, il a le temps de récupérer son catakit, de jeter le vieux chien et le lapin dans la cave et de sauter derrière eux.
Sa nouvelle vie, ou plutôt survie commence, bloqué dans une cave. Il a le temps de réfléchir à son existence jusque là, se demander si sa femme et ses enfants ont pu se mettre à l’abri et à organiser son nouvel espace de vie.
Quand on connaît la prose poétique de l’auteur, ce récit a de quoi surprendre du moins au début. Je lisais et en même temps ma petite voix intérieure se demandait si l’auteur n’avait pas vrillé ou s' il avait ouvert la boîte de Pandore déclenchant un séisme dans sa personnalité. J’ai failli abandonner à plusieurs reprises puis je ne sais plus à quel moment, telle une fleur poussant dans le bitume, la poésie a pointé le bout de son nez, timidement au début et j’ai pu suivre le cheminement des pensées de Victor.
Un récit surprenant.