Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la vie de ma voix intérieure
Newsletter
Archives
la vie de ma voix intérieure
  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
21 mai 2023

Comment font les gens ?

 

300257665_5430475180362529_8506646929974806209_n

 

Olivia de Lamberterie

EAN : 9782234088351

280 pages

STOCK (17/08/2022)



4ème de couverture : 

Anna, la narratrice de ce roman à la mélancolie aigre-douce façon Sagan, se débrouille comme elle peut avec la vie. Plutôt mal. Elle encaisse. Elle en rit même. Elle se souvient, aussi. Coincée entre une mère féministee atteinte d’une joyeuse démence, trois filles à l’adolescence woke et un mari au sourire fuyant, entourée d’un cordon sanitaires d’amies, Anna pourrait crier, comme on joue, comme on pleure, arrêtez tout ! , mais ça ne marche qu’au cinéma.

Comment font les gens ? Pour tout faire ? Pour ne pas être entamés par le malheur ambiant ? Pour mener leur vie avec tant de certitudes ? Chacun se retrouvera dans ce roman universel, où se confondent chagrins et sourires.

 


Extraits : 

“ La vie n'est qu'un jeu de regards, épier, scruter, admirer, se détourner ou fixer, assassiner ou caresser des yeux, et peut-être qu'écrire ou lire n'est rien d'autre que regarder ce que les autres ne veulent pas voir. “

 

“ Courir, c'est la profession des femmes quelque soit leur métier. Mais elles sont trop exténuées pour se rebeller contre l'ordinaire de leur existence. “

 

“ La prétendue bienveillance a remplacé la politesse dans les relations humaines, l'obligation de parler à la collègue perfide comme si elle était de sa famille alors que la politesse permettrait de traiter avec respect ceux qu'on déteste. “

 

“ Il faut beaucoup aimer sa mère pour accepter de se réveiller avec sa tête. “

 

“ Elle s'est assise dans un coin, trop près de la porte et des courants d'air. Elle ne sait jamais trouver la bonne place. Où est sa place ? “

 

“ Regarder son prochain comme soi-même, ce n'est pas si bête comme conseil, les gens ont de la merde dans les yeux, cultiver le goût des autres, qui ne vous ressemblent pas, d'un avis, d'un milieu, d'une génération différente. L'entre-soi dessèche. “

 

“ Son cerveau n’est jamais réglé sur la bonne angoisse. “

 

“ Jeune, l’anxiété lui faisait redouter l’avenir, aujourd’hui, le passé lui semble un ennemi bien plus périlleux à combattre. “

 

“ Combien de temps une société met-elle pour accepter de regarder l’atrocité en face ? “

 

“ À force de les minimiser, ses douleurs se sont fossilisées en une colère compacte qui, si elle se libérait, se transformerait en un hurlement, mais qu’elle retient de toutes ses forces de fille élevée à faire bonne figure. “

 

Mon avis : 

Anna nous emmène dans sa folle journée. Sa fille aînée s’est invitée pour lui faire une annonce ce soir et elle doit trouver de quoi faire un repas correct. Mais il y a sa journée  d’éditrice sous les ordres d’une nouvelle directrice à la mode des statistiques (on oublie la qualité pour publier des youtubeuses), les appels de la maison de retraite où réside sa mère Nine, qui perd la tête  avec panache et entêtement, les appels des établissements scolaires de ses deux dernières filles, adolescentes qu’elle ne comprend pas toujours.

 

Anna court, court toute la journée, avec des pensées intrusives sur son enfance, la naissance d’Allegra son ainée, sa mère Nine, la société qui va mal, son féminisme inerte, différent de celui de sa mère, historique, et de ses filles, plus radical, l’agressivité des gens, la politique et ses représentants, les médias, la vie, l’amour, d’ailleurs ce dernier va mal puisqu’elle a retrouvé des sous-vêtements féminins dans le lit conjugal.

 

Anna a la mélancolie qui lui colle à la peau, surtout depuis le décès de son meilleur ami, une charge mentale dingue malgré une vie parisienne confortable, beaucoup de dérision et d’humour et surtout elle encaisse et persévère, une qualité de cette génération de femmes sandwichs coincée entre leurs parents vieillissants et leurs enfants. Peter, son mari est son pilier, son élément stable dans sa vie, la trahison fait d’autant plus souffrir. Heureusement Anna peut compter sur ses amies, toujours présentes pour rassurer par un texto, en attendant la réunion de crise du soir autour d’un apéro dans une brasserie parisienne. La cinquantaine brillante mais douloureuse où les souvenirs reviennent en vagues furieuses face à ce sentiment d’étrangeté envers l’usage de ce monde moderne.

 

J’ai adoré ce roman sur la condition féminine de ma génération, l’entre-deux du féminisme, la résistance passive, polie, mais tenace d’Anna. Des références littéraires, une traversée de Paris agréable, une plume enlevée, quelques termes désuets mais combien rassurants, des ressentis sur la réalité de ce monde absurde, et cet humour qui ferait supporter n’importe quelle folle journée ! Un roman savoureux.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
la vie de ma voix intérieure
Publicité
Derniers commentaires
Albums Photos
Publicité