La nuit introuvable
EAN : 9782253242161
144 pages
Éditions Philippe Rey (14/09/2022)
4ème de couverture :
Nathan Weiss vient d’avoir quarante ans lorsqu’il reçoit un appel d’une inconnue : sa mère Marthe souhaite le revoir en urgence. Cette mère, voilà quatre ans, depuis le décès de son père, qu’il s’efforce de l’oublier. Ce n’est pas un hasard s’il s’est expatrié jusqu’en Slovénie.
Il va pourtant obéir et revenir à Paris. Sa mère a changé : elle est atteinte d’Alzheimer et ne le reconnaît presque plus. Nathan apprend alors que Marthe a confié huit lettres à sa voisine, avec pour instruction de les lui remettre selon un calendrier précis. Il se sent manipulé par ce jeu qui va toutefois l’intriguer dès l’ouverture de la première enveloppe.
Ces textes d’une mère à son fils, d’une poignante sincérité, vont éclairer Nathan sur la jeunesse de Marthe, sur le couple qu’elle formait avec son mari Jacques, la difficulté qu’elle avait à aimer ce fils envers qui elle était si froide. Tandis qu’il découvre ce testament familial, Nathan se débat avec ses amours impossibles, sa solitude, ses fuites. Et si la résolution de ses propres empêchements de vivre se trouvait dans les lettres que Marthe a semées pour tenter de réparer le passé ?
Extraits :
“ Elle aurait aussi bien pu être morte. Ça n'aurait pas changé grand chose, au fond. Il aurait fallu s'organiser, voilà tout. Les pompes funèbres, les faire-part de décès, quelques poignées de mains contrites, j'aurais fait bonne figure et puis on aurait été quittes. Ça n'aurait pas été un drame. “ (Incipit)
“ La frontière entre humour et provocation est parfois aussi difficile à établir que celle entre colère et chagrin. “
“ Maintenant encore, je cherche le point de fuite. “
“ On peut toujours réussir - pour un temps, du moins - à garder haute cette tête qu’on finira par perdre tout à fait. “
“ On est des gardiens des lieux et d’une certaine manière des temps. “
“ Plus on vieillit, plus vite on sait quand on se trompe. Et parce qu'on vieillit, on s’entête. “
“ Il y a des espaces de sa vie que l’on n’habite pas. “
“ On a tous une longueur de retard sur nos parents. Je voulais croire à un passage de relais, à la rencontre au bon moment. “
Mon avis :
La sublime et touchante histoire d’une rencontre entre un fils de quarante ans et sa mère dont la maladie d'alzheimer prend le dessus.
Nathan vit en Slovénie depuis la mort de son père, il y a quatre ans. Il n’avait plus d’attache à Paris, divorcé et a souffert du comportement de sa mère envers lui. On peut même dire que leur relation depuis la naissance de Nathan s'apparente à de l’indifférence voire de la froideur..
Quand Jeanne, une amie et voisine l’appelle pour lui annoncer la maladie de Marthe, il est déjà presque trop tard, il aurait préféré l’annonce de sa mort. Mais Marthe a tout prévu, elle raconte l’histoire de sa vie, son terrible secret, dans huit lettres que Jeanne lui remettra, une par une, à chacune de ses visites.
D’abord très énervé et n’ayant aucune envie de rendre visite à sa mère, il pense que le déni et la fuite ont des limites et qu’il est temps d’affronter son passé, sa vie, sa mère.
Nathan a attendu, toute sa vie, un geste de tendresse de sa mère. Marthe, déjà ailleurs, le prend pour son père et l’accueille avec deux mots tendres, puis repart dans un monde différent du sien, les yeux dans le vague. Il rentre en Slovénie avec la première lettre.
Il va comprendre au fil de ses visites, la distance de sa mère, le drame vécu bien avant sa naissance, sa propre incapacité à vivre pleinement sa vie. Marthe ne lutte pas contre sa maladie car l’oubli est peut être la plus belle chose qui puisse lui arriver en cette fin de vie. Pourtant, Nathan va enfin faire connaissance avec sa mère.
C’est une histoire bouleversante avec une écriture délicate et addictive. Je n’aurais jamais pensé lire avec une telle avidité un livre sur la maladie d'alzheimer.