Changer l'eau des fleurs
EAN : 9782226403049
560 pages
Éditeur : ALBIN MICHEL (28/02/2018)
4ème de couverture :
Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se confier et se réchauffer dans sa loge. Avec sa petite équipe de fossoyeurs et le jeune curé, elle forme une famille décalée. Mais quels événements ont mené Violette dans cet univers où le tragique et le cocasse s’entremêlent ?
Extraits :
“Est-ce qu'un homme qui ne l'aime plus regarde la femme qu'il a aimée comme si elle avait perdu la raison ?”
“Mais s'il fallait qu'on ne fasse que ce qui fait partie de nos attributions, la vie serait triste.”
“J'ai envie d'être seule. Comme tous les soirs. Ne parler à personne. Lire, écouter la radio, prendre un bain. Fermer les volets. Juste être bien.”
“Les autres, ceux pour qui on quitte quelqu'un, ce sont des prétextes, des alibis. On quitte les gens à cause des gens, faut pas chercher plus loin.”
“C'est quand on vit ce que je suis en train de vivre qu'on sait que tout va bien, que rien n'est grave, que l'être humain a une faculté inouïe à se reconstruire, à cautériser, comme s'il avait plusieurs couches de peau les unes sur les autres.”
“J'avais toujours composé avec la vie, j'avais toujours vu le beau côté des choses, rarement leur part d'ombre.”
“Vous savez, il y a plusieurs vies dans une vie.”
“Nous n'avions absolument rien à nous dire. Nous ne serions jamais amies. Nous resterions deux vies qui se frôlaient chaque jour.”
“Je crois que j'ai toujours eu ce réflexe, celui de ne pas déranger.”
“C'est un luxe d'être propriétaire de son temps. Je pense que c'est un des plus grands luxes qu'un être humain puisse s'offrir.”
“Je crois que la solitude et l’ennui touchent le vide des gens. Moi, j’étais repue. J’avais plusieurs vies qui prenaient toute la place.”
Mon avis :
Ce livre m’attirait depuis longtemps. Je le regardais sur les rayons des magasins, librairies, gares, je tendais la main vers lui, lisait et relisait le résumé puis le posait en me disant non, pas pour moi, l’histoire se passe quand même dans un cimetière. Je l’ai acheté en début de pandémie et je l’ai commencé en plein confinement alors que notre pays atteignait les 500 morts par jour… Comme quoi la vie nous réserve toujours des surprises. Parce que la Violette n’aurait pu nous raconter sa vie en pleine pandémie et je ne suis pas certaine qu’elle aurait eu la capacité d’accueillir tant de proches dans sa cuisine et là, évidemment je ricane.
Violette est née sous X, enfant sans vie et sans nom de famille, a grandi dans des familles d’accueil, sa mère ne lui a jamais manqué. Très jeune, elle a appris l’acceptation de sa situation. Jeune adulte elle rencontre le mauvais prince charmant, le fils de sa maman, fainéant, menteur, coureur : Philippe Toussaint. Violette aurait dû se méfier avec un nom pareil. Mais elle dit qu’il y a des hommes qui s’appellent Printemps et qui cognent leur femme.
Pas grave, Violette l’aime son crapaud et puisqu'elle est enceinte, s’installe avec lui. Elle a trouvé un poste de garde-barrière. Normalement ils ne sont pas trop de deux pour ce poste, d’ailleurs il y a un salaire pour chacun. Toussaint met de côté le sien, ne travaille pas, va se balader sur sa moto, culbute toutes les femmes qui le veulent bien et vit sur le salaire de Violette.
Il ne s’occupe pas non plus de sa fille Léonine que les grands-parents paternels appellent Catherine, un peu comme si Violette n’existait pas. Une véritable peau de vache la grand-mère, un véritable lâche le grand-père.
Voilà je vous ai posé le décor, enfin le premier. Parce que tout l'intérêt de cette histoire, ce sont les rebondissements et déboires dans la vie de Violette pendant des années, qui vont l’amener à ce poste de gardienne de cimetière, et ensuite à sa nouvelle vie ou plutôt la continuation de son chemin de vie dans la sérénité et ça, c’est tout un art.
J’ai adoré cette histoire, même si surprise par les évènements, je me demandais jusqu’où la résilience de Violette tiendrait. En fin de compte, ce livre est arrivé au bon moment. Faire avec les surprises de la vie, bonnes ou mauvaises, être lucide, s’adapter, toucher le fond, rebondir, tracer son chemin quoi qu'il arrive, faire face avec ses failles et ses forces sans oublier la bienveillance, c’est une très belle leçon de vie.