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  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
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5 janvier 2024

Le grand secours

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Thomas B. Reverdy

EAN : 9782080425928

320 pages

FLAMMARION (23/08/2023)




4ème de couverture : 

Il est 7 h 30, sur le pont de Bondy, au-dessus du canal. C'est un de ces lundis de janvier où l'on s'attend à ce qu'il neige, même si ce n'est plus arrivé depuis très longtemps. Sous l'autoroute A3 qui enjambe le paysage, un carrefour monstrueux, tentaculaire, sera bientôt le théâtre d'une altercation dont les conséquences vont enfler comme un orage, jusqu'à devenir une émeute capable de tout renverser.

Nous la voyons grossir depuis le lycée voisin où nous suivons, au fil des cours et des récréations, la vie et le destin de Mo et de Sara, de leurs amis, mais aussi de Candice, la prof de théâtre, de ses collègues et de Paul, l'écrivain qu'elle a fait venir pour un atelier d'écriture. Tout au long de cette journée fatidique, chacun d'entre eux devra réinventer le sens de sa liberté, dans un ultime sursaut de vie.

 

Extraits : 

"Il s'est arrêté sur le pont pour regarder le soleil se lever. Il y a toujours un moment un peu miraculeux quand ça arrive, quand on est là pour le voir. Le canal est blanc comme un linceul, ciel voilé, deuil qui se traîne, de plus en plus clair, embrumé, laiteux, un ciel à croire qu'il va neiger, et puis le soleil apparaît. Il déchire les nuages, ceux de l'horizon, il les disperse, il les brûle comme une flamme brillante de soudeur qui transpercerait du coton, et le ciel autour s'enflamme, ça ne dure peut-être que dix ou quinze minutes, le vent se lève avec le jour et le ciel devient rose et jaune comme une carte postale, comme s'il n'y avait jamais eu de nuages. Le soleil ouvre le ciel comme un voile. Laisse passer les anges. On voit aussi ça, ici. À Bondy, il y a du ciel. "

 

" Paul est le seul à s'effarer, à contempler cette montagne de déchets qui roulent jusqu'au Pôle emploi, se demandant si c'est une négligence de la voirie, une vengeance de la pauvreté ou juste une manifestation du désastre. "

 

" Le lycée subit toutes sortes de pressions sociales, culturelles, mais en aveugle. "

 

" Autrefois job étudiant, surveillant est à présent un emploi précaire qui attire le genre de jeunes gens courageux qui n'ont pas vraiment le choix. "

 

" Il y a des enchaînements sans lien qui ont parfois plus de poids que les causes. "

 

" La cantine, c'est d'abord un des endroits les plus bruyants du monde. "

 

" Elle joue le jeu. Elle fit vivre la machine à projets, qui est une sorte de machine à solutions sans problèmes réels à résoudre. "

 

" C'est très français de croire qu'on rit contre. "

 

" Le lycée, c'est un peu comme un bateau, se dit-elle. Un bateau à la dérive, dans un océan de béton. "

 

" Il y a des enchaînements sans lien qui ont parfois plus de poids que les causes. "

 

" Réfléchissez à ça : le rôle de la mère dans le malheur consenti de la fille, vécu comme une fatalité alors que ce n’est qu’une tradition. Une tradition imbécile transmise par les femmes, c’est-à-dire par les mères, qui ont toujours été les gardiennes de la tradition. "

 

Mon avis : 

Il y a déjà le décor. Bondy et ce  réseau routier monstrueux en forme de lacets qui se croisent et s’entrecroisent, formant des ponts, sous lesquels vivent toutes sortes de gens. Les cités ou quartiers (selon les générations) entourent tant bien que mal ces routes, et une cité scolaire émerge tel un bateau à la dérive, dans un océan de béton. Le canal, offre une bouffée d’air frais, les levers de soleils sont splendides avec ce ciel qui change de couleur.

Ce matin-là, une bagarre entre un lycéen et un type agressif va provoquer une émeute. Nous allons suivre les habitants, les enseignants et les lycéens pendant cette journée. Le pouvoir des réseaux sociaux qui vont s’enflammer suite à ce fait divers, relayé par les grands frères.

J’ai suivi avec plaisir, le fonctionnement de la cité scolaire avec les gamins qui font ce qu’ils peuvent, souvent avec leur cœur, leurs problèmes et les pressions familiales. Les enseignants s'adaptent et adaptent le programme scolaire pour faire passer des messages, telles les traditions transmises par les mères avec l’exemple de la princesse de Clèves. L’écrivain parisien intervient pour animer un atelier d’écriture et va suivre la professeure de français qui l’a invité mais aussi faire connaissance avec les autres professeurs, les syndiqués, les revendicatifs et les autres. Les surveillants (pions) qui font ce qu’ils peuvent aussi, ils n’ont pas vraiment le choix, ce sont des emplois précaires, plus des jobs étudiants. Au bout de cette chaîne, la proviseure préférant ne pas voir les problèmes, un déni confortable, histoire de statistiques, de prime de bonne gestion, ne pas attirer l’attention du rectorat.

 

Le mouvement de colère enfle avec la journée qui passe et va traverser la ville et la cité scolaire. Les policiers sont dépassés par le nombre de manifestants, ils vont surtout tenter de sauver leur peau. Tous vont essayer de protéger les enfants. Il y aura du grabuge, certes, mais il y a toujours une once d’espoir dans cette histoire.

 

C’est un roman réaliste et percutant qui laisse une trace de la vie en banlieue, de l’ambiance d’une cité scolaire, de l'engagement des enseignants et surtout comment démarrent les émeutes à notre époque.

 

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