La maladie
ISBN : 2366260423
Éditeur : LC LUCQUIN (2015)
4ème de couverture :
Il est des moments particuliers dans la transition entre deux saisons où le temps semble procéder à l’envers : ainsi, en automne, le ciel, au lieu de virer vers le gris blanc inexpressif de l’hiver, se teinte trompeusement d’un bleu d’été. Le matin brumeux annonce la pluie, puis laisse place à un ciel clair, déchiré par la grêle, nappé par des bancs de nuages pâles. Le soir apporte de nouveau une douceur surprenante, et c’est la nuit, comme un goût d’hiver déjà.
Extraits :
“Elle est dedans. Dans son corps. Elle est dans l’intérieur de l’intérieur. Le dedans du dedans. Plus profond qui tout ce qu’on connaît et pourtant intangible.”
“La finitude de son existence, si brutalement apprise, est une incitation à renouveler ses efforts pour faire de sa vie un destin.”
“Derrière chaque porte, une vie, un continent, un simple mur en carton et une distance infinie.”
“La maladie est ici, la préfiguration de l'abandon de tout.”
“Un souvenir est un précieux endroit où se calfeutrer, mais l’illusion qu’il procure ne dure qu’un instant.”
Mon avis :
Le narrateur dont nous ne savons pas grand chose va nous raconter l’histoire ou plutôt la maladie de son compagnon. Pas de prénom, il l’appelle il, rien d’autre n’est important. Au moment où la maladie se présente ils ne vivent pas encore ensemble. Cela va devenir indispensable très rapidement. Ils étaient amants, ils deviennent compagnons par la force, peut être, ou par compassion du narrateur qui voit l’état de son ami se détériorer rapidement.
Les médecins pensent au cancer au vih, à une maladie mentale et pendant ce temps le malade maigrit, ne peut plus s’alimenter et rejette le peu d’aliments ingérer. La maladie s’installe dans un certain confort, ôtant toutes perspectives, tout avenir, elle se vit au présent. Le narrateur devient garde-malade s’efforçant de vivre malgré tout, mais l’odeur, l’état de son compagnon, la mort qui rode, sont difficilement supportables. Il travaille, fait du sport, se remet à fumer… et rentre. La maladie a un nom maintenant, le cytomégalovirus, ce qui ne change rien, elle s’installe durablement pour plusieurs mois, voire plusieurs saisons. Le narrateur doit affronter une nouvelle difficulté dans le monde extérieur : les manifestations contre le mariage pour tous, contre les homosexuels. Il observe ces gens hargneux, militants et se demande comment réagir. Avec son compagnon, ils regardent ces manifestations de haine à la télé. Comment vivre son amour quand les autres le jugent comme une aberrance ? La maladie sera vaincue, pas les habitudes et le certain confort de celle-ci. Difficile d’oublier de reprendre sa vie comme avant, il faudra du temps.