Bakhita
ISBN : 2226393226
Éditeur : ALBIN MICHEL (23/08/2017)
4ème de couverture :
Elle a été enlevée à sept ans dans son village du Darfour et a connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage. Rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, elle découvre un pays d’inégalités, de pauvreté et d’exclusion.
Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres.
Bakhita est le roman bouleversant de cette femme exceptionnelle qui fut tour à tour captive, domestique, religieuse et sainte.
Avec une rare puissance d’évocation, Véronique Olmi en restitue le destin, les combats incroyables, la force et la grandeur d’âme dont la source cachée puise au souvenir de sa petite enfance avant qu’elle soit razziée.
Extraits :
“Et c'est comme ça que dorénavant elle avancera dans la vie. Reliée aux autres par l'intuition, ce qui émane d'eux elle le sentira par la voix, le pas, le regard, un geste parfois.” |
“C'est dans son regard que l'on pouvait lire le contraste entre sa force et son innocence, dans son regard il y avait toujours, ce qu'elle avait perdu et ce que sa vie intérieure lui avait permis de retrouver. Sa vie.” |
“L'humour, une façon de signifier sa présence, et sa tendresse aussi.”
“Sa vie est comme une danse à l'envers, un tourbillon d'eau sale.”
“Partir, c'est espérer, toujours.”
“Vacillante et d’une force plus qu’humaine. Incandescente. Inclassable. Intelligente et retenue.”
Mon avis :
Le récit de la vie d’une femme. Enlevée dans son village à l’âge de sept ans quelques années après sa soeur aînée. Violée, enfermée, battue, enchaînée, vendue, torturée.
Elle a tellement traversé de pays, tellement appris à décrypter des langues différentes, qu’elle ne connait plus son prénom, ni d’où elle vient.
À l’âge de l’innocence, Bakhita ne connaît que la survie.
Alors, à un moment dans cette histoire effroyable, j’y ai cru à sa liberté, à sa renaissance. Mais non ce n’était qu’une courte trêve en Italie. Allez rebelote, on repart au Soudan, puis on revient en Italie et là, tu te dis ça y est, c’est fini, hein, je ne peux pas en lire plus.
Non, non, non Bakhita n’a que ses sentiments, ses cauchemars, ses chagrins qui lui appartiennent. Même en étant déclarée libre dans un procès italien grandiloquent, Bakhita ne l’est pas. Elle ne sera plus battue, ni violée, mais elle est enfermée et c’est elle qui l’a choisi.
On pourrait croire alors qu’elle passerait sa vie dans cet institut catholique où elle a trouvé sa place, entourée, choyée. Que nenni, déplacée régulièrement d’un couvent à un autre, d’une région à une autre. Et Bakhita gardera ce sentiment d’insécurité toute sa vie, jusqu’à sa mort. On l’obligera à raconter, on en fera des feuilletons, un livre.
Cette femme est morte à l’âge de soixante-dix-huit ans. Tu te rends compte ou pas ? Soixante-dix-huit ans d’un calvaire sans fin.
Elle est béatifiée, déclarée patronne du Soudan, puis sainte.
Peut être, je dis bien peut être qu’on aurait pu la laisser vivre tranquille. C’est bien cette reconnaissance après la mort mais personne ne pouvait lui donner ce qu’elle voulait le plus au monde. Retrouver sa mère, sauver sa soeur et connaître son nom.
Et je devrais aimer un tel récit ?