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la vie de ma voix intérieure
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  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
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2 juillet 2023

Les évasions particulières

 

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Véronique Olmi

EAN : 9782226448071

560 pages

ALBIN MICHEL (19/08/2020)




4ème de couverture : 

Elles sont trois sœurs, nées dans une famille catholique modeste à Aix-en-Provence. Sabine, l'aînée, rêve d'une vie d'artiste à Paris ; Hélène, la cadette, grandit entre son oncle et sa tante, des bourgeois de Neuilly-sur-Seine, et ses parents, des gens simples ; Mariette, la benjamine, apprend les secrets et les silences d'un monde éblouissant et cruel.

En 1970, dans cette société française qui change, où les femmes s'émancipent tandis que les hommes perdent leurs repères, les trois soeurs vont, chacune à sa façon, trouver comment vivre une vie à soi, une vie forte, loin de la morale, de l'éducation ou de la religion de l'enfance.

Cette saga familiale, qui nous entraîne de l'après Mai 68 à la grande nuit du 10 Mai 1981, est tout autant une déambulation tendre et tragique dans ce siècle que la chronique d'une époque où les consciences s'éveillent au bouleversement du monde et annoncent le chaos à venir.

 

Extraits : 

“ Elle revenait de chez les riches, lui vivait à la petite chartreuse, à la périphérie du centre ville, et si la famille ne manquait de rien, il semblait pourtant qu'elle se privait de tout. “

 

“ Elle enviait les filles dont l'allure correspondait à la nature, les filles à qui tout allait, pas seulement les vêtements, mais l'existence aussi, une vie choisie et portée avec grâce. “

 

“ Le manque d'argent rendait les liens fragiles, comme si tout pouvait disparaître d'un jour à l'autre, et les parents à force de se priver et de faire attention ressemblaient à deux enfants piétinant au bord de la route sans jamais arriver à traverser. “

 

“ Le monde demeurait borné, encrassé d'ignorance. “

 

“ Il fallait contenir les peurs de chacun, garder ses illusions, son besoin de calme et de sérénité. “

 

“ Quelque chose en elle venait de se réveiller, qu'elle n'avait plus ressenti depuis son adolescence. Une envie de vivre si violente qu'elle en avait mal au cœur. “

 

“ Cette petite fille avait hérité d'un couple de parents de plus en plus mal assortis, d'une mère qui se livrait peu et construisait son indépendance comme s'il s'agissait non pas d'une émancipation mais d'un combat un peu forcé. “

 

“ Elle ressemblait à une femme sans rêves ni curiosité, une femme dont la fatigue invisible s'était accumulée depuis plus de quarante ans, pour surgir d'un coup, comme une attaque, un jet d'acide. “

 

“ Elle avait simplement effacé un pan de sa vie, rien de ce qui appartient au passé n'existe, et bientôt ce malheur ne serait rien d'autre qu'un vieux chagrin, rien d'autre qu'un silence. “

 

“ La vie était faite d'arrangements et de petits pactes. “

 

Mon avis : 

Bruno et Agnès sont pauvres, catholiques modérés mais convaincus, habitent dans une cité d’Aix en provence où les murs sont en carton. L’appartement est petit, un trois pièces. Ils ont trois filles, Sabine, Hélène et Mariette. Bienvenue dans les années 1970, les appartements petits, fonctionnels et sans charme, le papier peint à grosses fleurs ou à losanges qui donne la migraine, le petit électroménager orange et les bouteilles de verre consignées, les écoles de filles et de garçons séparées, les cours de cuisine et de coutures pour les unes, le bricolage pour les autres.

Bruno est enseignant dans un établissement privé et religieux. Agnès est évidemment femme au foyer. Sabine amorce son adolescence, s’ennuie et ne supporte plus l’autorité de ses parents. Elle attend avec impatience sa majorité, 21 ans à l’époque. Pour Bruno, elle sera femme au foyer, Sabine a d’autres rêves dont celui de devenir actrice.

Hélène a une vie un peu à part dans la famille. Elle part toutes les vacances scolaires à Paris, chez sa tante, la soeur d’Agnès et son oncle. Ils ont une belle vie aisée, chez eux les enfants vouvoient leurs parents. Un petit arrangement familial contre un chèque tous les mois qui permet à Bruno de régler les dettes laissées par son père. Hélène doit s’adapter aux deux familles, peinant à retrouver sa place quand elle rentre chez ses parents, profitant de cette vie aisée quand elle est à Paris. Elle prendra conscience de la souffrance des animaux lorsque son chien, celui de la famille riche, va mourir de chagrin. Lutter contre la souffrance animale deviendra son combat.

Mariette est toute petite au début du roman et dort dans la chambre de ses parents. Elle a de l'asthme sévère et passe des moments compliqués. Elle va grandir sans ses sœurs et se retrouve avec des parents mal assortis, une mère qui construit son indépendance comme un combat et non comme une émancipation.

Le décor est posé, la famille en place pour le départ dans un grand huit émotionnel et libertaire que représente cette décennie jusqu’à l’élection de François Mitterrand. Chaque membre de la famille va devoir grandir, évoluer et s’adapter et si j’ai un souvenir heureux de cette époque car effectivement comme Sabine j’aspirais à une liberté totale et sans le joug familial, cette famille va rencontrer bien des problèmes et devoir constamment se remettre en question. Le roman est rythmé par les évènements politiques, culturels et féministes.

Si les trois filles se cherchent, trébuchent, se relèvent et continuent leur avancée dans leur vie de jeunes adultes avec cette toute nouvelle liberté pour les femmes, les parents font une descente aux enfers assez impressionnante. Il est très intéressant de suivre l’évolution d’Agnès qui pourra apprendre un métier et travailler après le départ des deux grandes à Paris. Elle osera avoir des rêves et des projets mais fera un volte-face sidérant, mettant Mariette, la petite dernière dans la confidence d’un secret assez bouleversant.

Ce livre avait, pour moi, un goût de nostalgie. Les personnages sont travaillés à l’extrême dans leurs sentiments et cela donne un ressenti d’insécurité plus que de liberté. Effectivement les évasions sont particulières.

 

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