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  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
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6 février 2022

Mathilde ne dit rien

 

Mathilde ne dit rien par Saule

Tristan Saule

EAN : 9782072954009

320 pages

GALLIMARD (13/01/2022) AUTRES EDITIONS




4ème de couverture :

Chroniques de la place carrée, tome 1

La fin de la trêve hivernale approche, et Mathilde découvre que ses voisins sont menacés d'expulsion. Les recours légaux n'ont rien donné. Mathilde n'a pas toujours été travailleuse sociale. Mathilde porte en elle de sombres secrets. Mathilde ne dit rien, mais Mathilde va prendre les choses en main. 

 

Extraits :

"Dans le quartier, il est difficile de passer inaperçu. On ne peut pas dire que les voisins soient des amis. Personne ne se parle. Personne n’invite l’autre à dîner ou à boire un verre. On ne se prête pas son matériel de jardinage. Pourtant, chacun sait qui habite les maisons alentour. On ne se connaît pas mais on se reconnaît. On a tous payé le même prix pour avoir le droit d’habiter là, dans cette zone pavillonnaire fraîchement sortie du sol, en périphérie du village, dans cet environnement plus vraiment urbain, au milieu des champs de céréales, mais pas encore rural, avec toutes les commodités de la grande ville – boulangerie, pharmacie, station-service – et le calme de grands jardins qui tiennent les routes et les indésirables à distance. Ici, on n’habite pas. On cohabite, de loin." 

 

 “D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle vivait avec ce sentiment qu’elle devait s’excuser d’être là, de déranger…”

 

“Les amitiés naissent souvent de la coïncidence des besoins égoïstes.”

 

“À ces gens, elle donne de l’argent et des conseils. Elle n’est pas leur mère non plus. Elle ne leur en veut pas de ne pas y arriver, de s’acheter un iphone plutôt que de payer le loyer, de retourner jouer au poker, de boire leur salaire, mais jamais elle ne se sentira responsable de ça. Elle fait son boulot. Elle a ses propres problèmes. Ses propres conneries, elle les assume. Et elle en a tellement à son actif qu’elle n’a plus la place pour assumer celles des autres.”

 

“La morale n’a pas de gosses à nourrir.”

 

“Alternance floue entre l’impossible et le pire que ça.”

 

“Tout peut arriver. Si elle a appris une seule chose de toute sa vie, c’est bien celle-ci. Le pire sans aucun doute. Pourquoi pas le meilleur ? Ou l'inattendu ?”

 

“Les moments de vide de nos vies, on les remplit comme on peut.”

 

“La représentation n’a de sens que pour le souverain dans ce théâtre des rêves.”

 

"Jusqu’à quel point la douleur de l’autre doit-elle s’élever pour qu’on oublie la sienne ?"

 

Mon avis :

Mathilde est assistante sociale dans un service social du département. Un bâtiment en béton et métal, laid, froid, et posé au milieu de nulle part, à la sortie de la ville. Un bâtiment déprimant que seuls les fonctionnaires et les usagers connaissent. Depuis qu’elle travaille là, elle mesure à quel point la vie des gens est fragile, suspendue. Elle fait son boulot, sans juger les gens qu’elle aide mais ne se sent pas responsable non plus, elle a ses propres problèmes, ses propres failles.

Mathilde habite un quartier dans le centre ville : la place carrée. Un quartier populaire des invisibles, des précaires. Un trafic de stupéfiants avec des guetteurs, un marché le dimanche, des voisins en survie qui préfèrent appeler Mathilde à l’aide plutôt que les flics. Mathilde ne refuse jamais d’aider. Quand elle apprend que  ses plus proches voisins sont menacés d’expulsion et les démarches administratives n’y pouvant plus rien, elle n’hésitera pas à user de la violence pour essayer de les sortir de ce mauvais pas. Parce que Mathilde ne dit rien, jamais, mais elle est pleine de rage, de haine, de tristesse, de chagrin. Elle n’a plus rien à perdre. On apprend son histoire, son passé, par petits bouts et tant mieux, d’un coup ce serait trop.

Un roman social où tu dois chercher un souffle d’espoir, chercher la fleur qui pousse dans le bitume. 

La violence explose surtout en début et fin du roman mais il y a les petits moments de confort quand Mathilde fait ses courses en prévision de ses repas de la semaine, quand elle ouvre la fenêtre le dimanche, avant le marché, pour écouter les bruits familiers des camelots et chasser la poussière et les regrets avant les odeurs de nourriture. Le soleil levant qui la réchauffe quand elle se rend à son travail à pied.

La description de la ville avec les quartiers résidentiels à l’écart du centre ville et donc des gens précaires et leur place carrée, les services sociaux très loin du centre ville où il faut marcher plus de vingt minutes pour aller demander une aide est bluffante, le contraste entre la vie de Mathilde et de Gaëlle, saisissante, l’ambiance délétère des service sociaux véridique. Et toute cette violence qui plane comme les nuages, tu ne sais jamais quand elle va exploser, te maintient en haleine dans cette histoire.

Certes ce n’est pas un roman d’amour mais entre les virgules et les lignes j’y ai trouvé une brise d’espoir.  L’auteur décrit d’une manière romancée (si peu) la France d’en bas avec noirceur et tendresse.

 

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