Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la vie de ma voix intérieure
Newsletter
Archives
la vie de ma voix intérieure
  • Certains humains sont plus doués que d’autres. Certains sont faits pour accomplir. D’autres pour détruire. D’autres pour sauver. Mais la plupart des humains ne sont pas faits pour quoi que ce soit. Thomas Vinau
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
25 janvier 2021

Le tako Tsubo

 

Le Tako Tsubo: Un chagrin de travail par Laufer

Danièle Laufer

EAN : 9791020905215

160 pages

Éditeur : LES LIENS QUI LIBÈRENT (27/09/2017)




4ème de couverture :

Des millions de personnes souffrent du stress dans le monde du travail. Comme l’auteure de cet ouvrage, qui s’est retrouvée en soins intensifs de cardiologie, victime d’un Tako Tsubo (piège à poulpe en japonais).

Cette pathologie spectaculaire, récente et énigmatique (le ventricule gauche se dilate puis reprend sa forme au bout de quelques heures), pose question. On l’appelle aussi le syndrome du cœur brisé. Tous les spécialistes s’accordent : le stress en est le déclencheur. Petites violences de la vie de bureau et de certains modes de management, absence de reconnaissance, perte de sens, conflits de valeurs, conditions de travail inadaptées, absurdité des procédures… Ces souffrances semblent difficiles à partager, tant le simple fait d’avoir un travail est considéré de nos jours comme un privilège. Tout cela finirait-il par user le cœur à bas bruit et provoquer un chagrin qui conduirait ses victimes aux urgences ?

Dans ce livre mêlant scènes de sa vie quotidienne et enquête auprès de médecins ou de spécialistes du monde du travail, Danièle Laufer remonte le fil du malaise qui touche des millions de personnes.

 

Extraits :

“J'avais l'impression de m'effondrer, comme un immeuble bourré d'explosifs qui retombe sur lui-même dans une avalanche de parpaings. Les dents serrées, ne surtout rien donner à voir.”

 

“Je suis habituée à vivre en état de choc au boulot. Et à n'en rien donner à voir. Je surveille constamment mes paroles et mes attitudes.”

 

“On apprend à se blinder, à feindre l’indifférence, à sourire quand on a envie de mordre, à oublier qu’on a envie de mordre et parfois de pleurer.”

 

“Je suis épuisée. Je n’ai jamais été aussi fatiguée ni aussi sensible de ma vie. J’essaie de me reconstruire, d’apprendre à me protéger.”

 

“À ce stade, je pense que ce qui m’a fracassé le coeur, c’est que je n’ai pas su me protéger de la brutalité et des injonctions paradoxales d’un monde du travail qui demande tout et son contraire et nous fait parfois perdre notre humanité en mobilisant pour notre survie ce qu’il y a de plus laid en nous, ce qui est le plus loin de ce que nous croyons ou voudrions être.”

 

“Culture d’entreprise où le goût du secret règne, refus de se mêler de ce qui ne les regarde pas directement, quoi d’autre ?”

 

“En l’occurrence, la mort n’était pas le pire. Ce n’est pas un drame pour moi. Le pire, c’était l’état de tension dans lequel je vivais.”

 

“Pendant des mois, j’ai enduré les silences soudains quand j’entrais dans notre espace commun, les soupirs exaspérés quand je tapais sur mon clavier, les regards sous-entendus… Et les accusations de parano dans la foulée.”

 

“Ça ne fait pas longtemps que j’ai compris qu’il ne sert parfois à rien de parler. Les mots n’ont pas le même sens pour tout le monde.”

 

“Comment vais-je pouvoir me sortir d'affaires sans y laisser ma peau ?”

 

“On se dédouble, on dépersonnalise, on perd le contact avec soi-même et on s’épuise. Ce n’est pas un choix, mais une stratégie de survie inconsciente.”

 

“L’invisibilité sociale est une forme subtile d’humiliation. On ne regarde, on ne voit que ceux auxquels on accorde une valeur.”

 

“Dans cette dure réalité, rien n’est dit, tout est signifié chaque jour dans les petites vexations, les exigences futiles, les décisions hâtives.”

 

Mon avis :

J’enquête sur ce qui m’est arrivé lors de mon dernier remplacement, qui devait être de cinq mois pas de deux ans dans un service social. J’ai travaillé dans le sordide de la vie des gens, dans la violence extrême. Mais cette violence, parfois, était à l’intérieur du service. D’hypotension depuis toujours, je me suis retrouvée aux urgences cardio pour de l’hypertension un matin à 8h30, plus de 15 de tension.J’ai résisté un an et demi de plus et  l’histoire s’est mal terminée, alors pour me reconstruire et rebondir même si la terreur de retravailler dans les mêmes circonstances est toujours là,  et en plus du suivi médical, traitement à vie, psy et des séances d’EMDR, j’enquête.

Le titre de ce livre ne me plaisait pas plus que ça mais l’auteure l’explique bien dans son récit ; cet état est celui d’une personne à bout de souffle.

Danièle aime son travail même si elle doit demander l’autorisation pour tout ce qu’elle écrit et que ses articles passent par la censure. Elle explique bien que cette ambiance délétère n’est pas seulement le fait de ses collègues mais ne serait-ce que de la place physique de chacun dans une pièce ridiculement petite où les bureaux s’entassent et les meilleures places réservées aux plus hargneux (dans mon cas deux bureaux et deux téléphones pour trois secrétaires), les différentes réorganisations et les changements de logiciel, les nouvelles consignes. Elle a défendu son gagne pain et sa présence comme elle le pouvait mais du coup était cataloguée comme agressive, pourtant elle passait sur beaucoup de choses insignifiantes qui se sont retournées contre elle par la suite. Les réunions qui se transforment en pugilat, en tribunal. La fatigue extrême et la nervosité, les essais d’explications de son état à la famille et aux amis qui en ont marre puisque pas concernés et ce coeur qui s'affole en permanence. La peur d’y retourner matin après matin, les recherches de solutions pour s’en sortir, la médecine du travail impuissante, les collègues qui partent malades ou pas les uns après les autres, tout y est.

J’ai vécu ce témoignage et je l’ai lu sans reprendre mon souffle jusqu’à l’épilogue. Ces histoires se finissent toujours mal et Danièle reconnaît qu’elle aurait dû abandonner plus tôt, plus vite, mais elle s’est accrochée à ce travail qui lui permettait de vivre tout simplement. Quel est le plus important selon vous : se retrouver sans travail en bonne santé ou être malade et sans travail ? Non, ne cherchez pas il n’y a pas d’autre choix.

Un ouvrage à lire si vous êtes concerné. J’avoue que je ne l’aurais pas lu de la même façon si je n’avais pas vécu cette situation. Un grand merci à Petitsoleil pour ses listes sur le monde du travail.

Le mot de la fin avec une citation de David Foenkinos : Elle sortit subitement prendre l’air. Je pense souvent à cette expression prendre l’air. Cela veut dire que l’on va ailleurs pour le trouver. Cela veut dire littéralement : où je suis, je m’asphyxie.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
E
bon, je vais suivre ton conseil, pas la peine de faire remonter trop de mauvais souvenirs...
Répondre
P
je ne vais pas le lire, tout simplement j'ai l'impression que l'auteure raconte mon histoire !<br /> <br /> Cela fait vingt ans... et je suis toujours suivie et n'ai jamais pu reprendre mon travail. Je n'ai jamais remis mes pieds là bas et ai coupé avec tout ce qui avait trait à mon travail, y compris les collègues (même les rares qui m'avaient soutenue).<br /> <br /> J'ai tiré un grand trait, bien épais, sous ces années, et maintenant j'essaye d'aller le mieux possible, même si ce n'est pas simple du tout.<br /> <br /> Gros bisous, Corinne, et bon courage à toi...
Répondre
E
je crois que je vais me décider à le lire... après avoir hésité longtemps car c'est du passé en ce qui me concerne mais ça laisse des traces :-)
Répondre
la vie de ma voix intérieure
Publicité
Derniers commentaires
Albums Photos
Publicité