Chanson douce
ISBN : 2070196674
Éditeur : GALLIMARD (18/08/2016)
Grand Prix des lectrices Elle - Roman - 2017
Goncourt - Général - 2016
4ème de couverture :
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture.
Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Extraits :
“On la regarde et on ne la voit pas. Elle est une présence intime mais jamais familière.”
“Le destin est vicieux comme un reptile, il s'arrange toujours pour nous pousser du mauvais côté de la rampe.” |
“Une haine morte en elle. Une haine qui vient contrarier ses élans serviles et son optimisme enfantin. Une haine qui brouille tout.”
Mon avis :
Myriam est dépassée par ses enfants, l’entretien de l’appartement parisien trop petit, frustrée de ne pas avoir une vie professionnelle. Elle ne voulait pas que ses deux petits, une fille, un garçon, puissent être une entrave à sa liberté. Elle rencontre un ami de promotion, qui lui propose un poste. Myriam arrive à convaincre son mari d’embaucher une nounou à temps plein à domicile.
Les entretiens d’embauche ne se passent pas très bien. Beaucoup de femmes se présentent et Myriam se méfie et ne veut pas d’une solidarité d’immigrés et rejettent les candidatures les unes après les autres. Louise arrive, petit bout de femme d’un certain âge, au type européen, présentant bien. Ses références sont excellentes, Myriam l’embauche.
Au début tout se passe bien. Louise se fait aimer des petits, remet l’appartement en état, et prépare des plats pour le soir. Les jeunes parents ravis de l’aubaine vont peu à peu laisser Louise s’installer dans leur vie et prendre le pouvoir.
Jusqu’au jour du drame.
Dans cette descente aux enfers, les parents se laissent aller à une certaine indolence, trop contents de leur nouveau confort. Ils laissent la situation dégénérer, en réagissant parfois, en remettant Louise à sa place d’employée, mais toujours trop tard ou à mauvais escient.
De son côté Louise qui a toujours été au services des autres, se rabaissant pour conserver ses emplois, supportant un mari égoïste décédé depuis peu, une fille gênante dans son activité et qui est partie de sa vie, surendettée, n’ayant nulle part où aller, ressent de plus en plus de la rancoeur envers ses patrons et les enfants. Elle sent la situation lui échapper.
C’est une histoire abominable dont la lecture se fait d’une façon addictive et rapide, de manière insidieuse, comme une chanson douce. L’auteur est précise et dure dans ses mots. Le constat est là, sans questionnement.
Il aurait fallu peu de choses pour qu’il en soit autrement, pour que chacun soit à sa place dans le respect de l’autre.